L’Arsenal de Metz a fêté ses 20 ans en accueillant dimanche la 16ème édition des Victoires de la musique classique, qui ont parié sur le populaire ténor Roberto Alagna, parrain d’une émission en partie à sa gloire, pour redresser une audience en berne l’an passé. La salle de concerts avait fait le plein de stars pour «le plus grand concert de musique classique de l’année», diffusé en direct sur France 3, moyennant une petite rupture de faisceau en cours d’émission, et en différé (à partir de 21h00) sur France Inter. Les soeurs pianistes Katia et Marielle Labèque («Victoires d’honneur»), le virtuose chinois du piano Lang Lang, la généreuse mezzo américaine Joyce DiDonato, le contre-ténor aérien Philippe Jaroussky et le bondissant chef baroque Jean-Christophe Spinosi étaient de la partie. La faible audience de l’émission en 2008 (1,36 million de téléspectateurs), un mercredi soir, avait poussé l’association des Victoires de la musique et France 3 à opter pour une autre fenêtre de diffusion, le dimanche après-midi. Autre changement: l’émission a troqué son habituel «fil rouge» thématique contre un «parrain», en l’occurrence le ténor vedette Roberto Alagna, suffisamment fédérateur pour espérer attirer un public familial. Le chanteur franco-italien, grand habitué des Victoires – il en a reçu cinq dont une d’honneur par le passé – a remis les trophées aux deux «révélations» de l’année, le trompettiste Romain Leleu (soliste instrumental) et la soprano Karen Vourc’h (artiste lyrique). Roberto Alagna a aussi chanté pas moins de quatre airs, dont des extraits du «Dernier jour d’un condamné» de son frère David, de «Tosca» et de «La Bohème» de Puccini. A la fin d’une chanson sicilienne, le natif de Clichy-sous-Bois s’en est pris à un spectateur dans la salle, qui lui aurait reproché d’avoir annulé sa prise de rôle dans «Andrea Chénier» en février à l’Opéra de Monte-Carlo. «C’était un rôle un peu trop lourd pour moi. Les gens qui contestent sont les mêmes que ceux qui m’auraient reproché de le faire», a fait valoir le ténor, qui chantera en revanche son répertoire sicilien le 18 février à L’Olympia, comme l’a rappelé Marie Drucker, coprésentatrice des Victoires avec Frédéric Lodéon. L’aspect «concert» de l’émission a largement éclipsé sa dimension de cérémonie de remise de prix, d’autant que plusieurs des lauréats, retenus par d’autres engagements, n’avaient pas pu faire le déplacement à Metz. Les grandes maisons de disques ont triomphé dans les principales catégories d’un palmarès sans grande surprise: Virgin/EMI avec l’enregistrement («Lamenti» dirigés par Emmanuelle Haïm), Naïve avec l’artiste lyrique (la soprano Sandrine Piau), Harmonia Mundi avec l’ensemble de musique de chambre (le trio Wanderer) et Deutsche Grammophon/Universal avec le soliste instrumental (le pianiste Pierre-Laurent Aimard).