Le Sénat brésilien a approuvé tard mardi un projet de loi contre la diffusion de fausses informations, malgré des critiques venant autant du camp Bolsonaro que de la gauche ou des géants d’internet.
Approuvé par 44 voix contre 32 par la chambre haute, ce projet de loi doit encore être débattu à la Chambre des députés, où il risque d’être rejeté, voire fortement amendé. «Je crois que ce sera difficile qu’il soit approuvé par la Chambre. Et si c’est le cas, je pourrai exercer mon droit de véto» sur le texte entier ou sur certains articles, a déclaré le président Jair Bolsonaro mercredi, à la sortie de sa résidence officielle à Brasilia.
«Il faut préserver la liberté, personne n’est autant critiqué que moi sur internet et je ne m’en suis jamais plaint», a-t-il ajouté. L’un des articles les plus controversés du texte oblige les plateformes numériques responsables des réseaux sociaux à mettre à disposition de la justice pendant trois mois des données censées être confidentielles concernant des messages envoyés à de multiples destinataires.
Ces plateformes peuvent même être sommées de dévoiler l’identité de leurs auteurs. Les plateformes numériques qui ne respecteraient pas ces règles seraient passibles d’amendes pouvant atteindre jusque 10% de leur chiffre d’affaires annuel au Brésil. Facebook, Google, Twitter et WhatsApp avaient affirmé la semaine dernière dans un communiqué commun que ce projet de loi «allait à l’encontre des droits fondamentaux de préservation de la vie privée et des données (…), ouvrant la voie à des abus». Mais le sénateur Alessandro Vieira, du parti Cidadania (centre gauche) rapporteur du texte, a expliqué mardi que cette loi avait pour but «de renforcer la démocratie et réduire la désinformation» tout en «facilitant notamment l’exclusion de contenus racistes».
La campagne électorale qui a vu l’élection du président d’extrême droite Jair Bolsonaro a été marquée par de nombreuses attaques sur les réseaux sociaux, avec des soupçons de diffusion massive de fausses informations, notamment via WhatsApp, très populaire au Brésil.Le député Eduardo Bolsonaro, fils du président, a dénoncé pour sa part un projet de «censure». «Je peux déjà révéler mon vote à la Chambre: je suis contre toute tentative de «réguler» (CENSURER) les réseaux sociaux», a-t-il écrit sur Twitter mardi soir. D’autres critiques ont fusé à gauche, notamment de la part de l’ex-députée communiste Manuela D’Avila. «Je suis l’une des principales victimes de la désinformation au Brésil, et je veux vraiment combattre l’industrie des «Fake News», savoir qui la finance. Mais ce n’est pas avec cette surveillance générale qu’on résoudra le problème», a-t-elle tweeté.
Une enquête sur des soupçons de financement par des chefs d’entreprise d’un réseau de diffusion de fausses informations pour des groupes d’extrême droite a été autorisée par la Cour suprême, dont plusieurs membres ont été victimes de menaces sur internet. Par ailleurs, l’élection de Jair Bolsonaro pourrait être annulée par la justice électorale s’il était avéré que ce même réseau s’était attaché les services de sociétés d’envoi massif de messages contenant des fausses informations durant la campagne, en 2018.
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