Le secteur audiovisuel est «loin d’être sorti» d’affaire, prévient le CSA

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Secoué par la crise sanitaire, le secteur audiovisuel est «loin d’être sorti» d’affaire, avec une chute de «15 à 20%» des recettes publicitaires prévue cette année et une reprise «fragile» des tournages, a prévenu jeudi le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), appelant le gouvernement à des «évolutions législatives».

«C’est l’ensemble de notre secteur qui est durement touché, à court et moyen terme. Et, avec les multiples incertitudes qui subsistent, ce n’est pas seulement «le monde d’après» qu’il nous faut concevoir, c’est aussi «le monde d’avec» ce virus», a estimé Roch-Olivier Maistre en ouverture d’un débat sur les conséquences de la crise sanitaire au Festival de la fiction de la Rochelle, délocalisé à Paris cette année.

Dans ce contexte, le CSA reste «très attentif à l’évolution de la situation, notamment en ce qui concerne les obligations des chaînes en matière de contribution à la production», a rappelé le régulateur.Saluant les mesures prises par le gouvernement comme le crédit d’impôt création, ou l’abondement exceptionnel de 70 millions d’euros à l’audiovisuel public, il a estimé que «le grand enjeu de cet automne» était la transposition de la directive Service de médias audiovisuels (SMA).Promise d’ici la fin de l’année, la transposition de cette directive permettra d’imposer aux plateformes types Netflix un quota d’oeuvres européennes dans leur catalogue et surtout des obligations de financement dans la création française, un rééquilibrage réclamé de longue date par les chaînes de télévision.Les patrons de chaîne invités au festival ont tous rappelé l’urgence de transposer cette directive. «Le projet de loi actuellement en discussion à l’Assemblée nationale fait l’objet d’un large consensus parmi les parlementaires, c’est naturellement très positif», a souligné Roch-Olivier Maistre, précisant que le CSA entendait «jouer tout son rôle pour contribuer au bon aboutissement de ce processus».

«Au-delà des mesures déjà en vue, d’autres évolutions législatives restent nécessaires», estime le régulateur, notamment la modernisation de la lutte contre le piratage pour laquelle il plaide pour un rapprochement entre CSA et Hadopi, prévu dans la réforme audiovisuelle qui a été abandonnée en raison de la crise. «C’est dommageable pour l’ensemble du secteur de renoncer à aller plus loin et adopter les mesures prévues dans le projet de loi audiovisuel», a-t-il estimé.

«Je pense aussi qu’il est temps d’ouvrir le dossier de l’avenir de la contribution à l’audiovisuel public (CAP), avec la fin programmée de la taxe d’habitation», a-t-il ajouté, rappelant que le CSA était attaché «à un financement dédié et pérenne de l’audiovisuel public».