Le réalisateur Jean-Pierre Jeunet a passé l’âge de s’inquiéter de la concurrence de l’intelligence artificielle

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«Si j’étais plus jeune, je serais un peu inquiet» de la concurrence de l’intelligence artificielle (IA), a concédé ce mercredi 5 juin le réalisateur Jean-Pierre Jeunet, 70 ans, qui présidera en novembre le jury d’un concours de courts métrages générés par cette technologie.

L’Artefact (une entreprise spécialisée dans l’IA) AI Film Festival est ouvert à tout créateur d’un court métrage de moins de 5 min 20 généré avec l’intelligence artificielle sur le thème «Réalité(s)», soumis avant le 1er octobre, ont précisé les organisateurs mercredi.

Les prix doivent être remis le 18 novembre au cinéma parisien mk2 Bibliothèque.

Le meilleur court métrage recevra une récompense de 10.000 euros. «Tout ce qu’il se passe en ce moment, les deepfakes, le doublage (généré par l’IA, NDLR), ça me fascine et ça me rend très curieux», a déclaré Jean-Pierre Jeunet, réalisateur de succès des années 1990-2000 comme «Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain», «Delicatessen» ou «La cité des enfants perdus», lors de la présentation de cet évènement.

«Je suis allé sur Chat GPT et j’ai dit: «écris-moi la suite d’Amélie Poulain» (mais) j’ai arrêté parce que j’ai flippé», a-t-il confié. Le cinéaste estime qu’il «y aura toujours des films faits à la main» mais que l’intelligence artificielle pourrait très bien écrire les aventures des superhéros de Marvel. «De toute façon, les scénarios faits par l’IA ne pourraient pas être plus stupides», a-t-il ironisé.

L’actrice Virginie Ledoyen, la créatrice de vidéos Enora Hope (1,5 million d’abonnés sur TikTok), le directeur général de mk2 Elisha Karmitz et le président d’Arte Bruno Patino composent le reste du jury.

L’intelligence artificielle doit avoir été utilisée aussi bien dans la pré-production du film (écriture du scénario, storyboard), la production (génération des images elles-mêmes) que dans la post-production (son, effets spéciaux…).

L’arrivée d’IA génératives capables de créer sur demande des vidéos très réalistes, à l’instar de Sora (OpenAI) ou Runway, inquiète de nombreux professionnels du secteur.

En décembre, Montpellier a accueilli le premier festival dédié aux courts métrages utilisant l’IA en France.