Le procès de la branche française de Lycamobile, du PDG du groupe et de dix autres personnes, soupçonnés d’avoir participé à un vaste système de blanchiment, ainsi que d’escroquerie à la TVA entre 2014 et 2016, s’est ouvert lundi à Paris avec des débats de procédure.
Dans cette affaire, le tribunal correctionnel doit se pencher jusqu’au 5 juillet sur une présumée «organisation structurée», reposant sur «la vente fictive et massive de cartes sim et de recharges téléphoniques», qui aurait permis de blanchir plus de 17 millions d’euros en sept mois. Un «système» mis en place «à l’insu» de Lycamobile, selon l’opérateur téléphonique, qui se défend de toute infraction.
Les sociétés et leurs dirigeants sont aussi poursuivis pour une escroquerie à la TVA par le «dévoiement» d’un régime dérogatoire légal, là encore à hauteur de millions d’euros.Au premier jour du procès, le PDG anglais de Lycamobile, Christopher Tooley, poursuivi pour complicité d’escroquerie à la TVA en bande organisée, a décliné son identité à la barre.
Comme le gérant de Lycamobile services, Andrew England, il a bénéficié d’un non-lieu dans le volet blanchiment. Alain Jochimek, directeur général gérant les deux sociétés, est jugé pour blanchiment d’abus de biens sociaux et de travail dissimulé, ainsi que pour escroquerie à la TVA, en bande organisée. Huit autres personnes sont jugées pour l’une ou l’autre infraction, dont deux anciens commerciaux de Lycamobile. La défense a d’emblée soulevé une série d’exceptions de nullité, dans le but de faire annuler l’ordonnance de mise en accusation.
Le tribunal décidera mercredi s’il y fait droit ou s’il décide de les examiner avec le fond de l’affaire. Me Pierre-Olivier Sur, avocat de M. Jochimek, a notamment estimé que le «secret professionnel des avocats» avait été violé avec la saisie, en perquisition, de deux notes d’avocats et que les «éléments à décharge» n’avaient pas été réellement «discutés».
Me Albane Lancrenon, conseil de Lycamobile France et Lycamobile Services, ainsi que d’Andrew England, a fustigé une ordonnance «tout simplement incompréhensible». Elle a aussi accusé le procureur qui a ouvert l’enquête initiale de «partialité» et de «liens étroits avec la presse», affirmant que cela avait «irradié toute la procédure». Qualifiant ces arguments de «dilatoires», le représentant du Parquet national financier (PNF), François-Xavier Dulin, a entre autres répliqué que le procureur avait communiqué dans le cadre de la loi, et que l’ordonnance était la plus précise possible face à des faits «qui brillent par leur complexité».