C’est la 1ère fois que le plus grand festival de cinéma d’Asie démarre par un film en streaming: «Soulèvement», un drame guerrier de Netflix, est projeté mercredi en ouverture du Festival international du film de Busan (BIFF). Produit par le Sud-Coréen Park Chan-wook, réalisé par Kim Sang-man et avec la mégastar Gang Dong-won dans le rôle principal, «Soulèvement» est un des 224 films en compétition officielle de ce festival qui se tient jusqu’au 11 octobre dans la grande cité portuaire de Corée du Sud. Le film a fait beaucoup parler de lui avant sa 1ère mondiale, en grande partie grâce à l’implication de Park, surtout connu pour ses thrillers ultra-violents comme «Old Boy» (2003), et qui a joué un rôle-clé pour pousser le cinéma sud-coréen sur le devant de la scène mondiale. Park est à la fois le scénariste et le producteur de «Soulèvement». Le film, qui sortira sur Netflix le 11 octobre, raconte l’histoire de deux amis qui grandissent ensemble à la fin du XVIème siècle, sous la dynastie Joseon, mais qui deviennent adversaires lorsque la guerre éclate dans le pays. «J’ai pensé que cette oeuvre pourrait être une de celles qui séduira le plus le public» parmi tous les films d’ouverture du festival depuis ses débuts, a déclaré à la presse le directeur par intérim de l’événement, Park Do-shin. Les contenus diffusés en streaming, comme les séries «Squid Game» de Netflix et «Pachinko» d’Apple TV+, ont beaucoup contribué à accroître la visibilité mondiale des créations coréennes. La programmation de Busan pour 2024 reflète la façon dont ce contenu est devenu une «partie importante de notre culture», a expliqué le programmateur du festival, Jung Han-seok. La décision d’ouvrir l’édition de cette année avec un grand titre en streaming a néanmoins suscité des critiques au sein de la communauté cinématographique sud-coréenne, le BIFF étant surtout connu jusqu’à présent pour son soutien aux talents émergents en Asie ainsi qu’aux films indépendants à petit budget. «Je trouve décevant qu’un titre en streaming ait été choisi comme film d’ouverture», se plaint Kay Heeyoung Kim, propriétaire du studio de cinéma K-Dragon. «Les difficultés auxquelles sont confrontés le marché du film en salle et les cinéastes peuvent être en partie attribuées aux plateformes de streaming», argumente-t-il. Le festival de Busan s’ouvre par ailleurs alors que l’événement ne s’est toujours pas remis des accusations de harcèlement sexuel contre son ex-directeur Huh Moon-yung. Ce dernier, qui a démissionné l’an dernier, n’a toujours pas été remplacé. Le gouvernement sud-coréen a en outre divisé par deux cette année ses subventions aux festivals de cinéma, dont celui de Busan. Malgré ces revers, la 29ème édition du BIFF présente cette année une quinzaine de films de plus que celle de l’an dernier, dont 86 premières mondiales. Le BIFF rendra hommage à titre posthume à l’acteur sud-coréen Lee Sun-kyun en projetant six de ses oeuvres cinématographiques et télévisuelles, dont «Sunhi» (2013) et une partie de la série télévisée «My Mister» (2018). Lee avait été retrouvé mort en décembre 2023, apparemment après s’être suicidé, alors qu’il était visé depuis deux mois par une enquête pour consommation de drogue. Le cinéaste Kiyoshi Kurosawa, connu pour sa contribution au film d’horreur japonais, recevra le prix du cinéaste asiatique de l’année. Le Japonais présente deux de ses nouveaux films au BIFF cette année: le thriller «Cloud» et «La Voie du Serpent», un remake en français de son film éponyme de 1998. Parmi les autres premières mondiales notables figurent «RM: Right People, Wrong Place», un documentaire sur RM, membre du groupe de K-pop BTS. Le drame «Yurei» du Singapourien Eric Khoo, qui met en scène Catherine Deneuve dans le rôle d’une chanteuse légendaire qui visite Tokyo alors qu’elle pleure la perte de son chien, clôturera le festival.