Francine MARIANI-DUCRAY, Membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel
Dans le cadre d’une «Concertation sur la production audiovisuelle», le CSA a pris la mesure des difficultés économiques des diffuseurs et des inquiétudes des producteurs indépendants quant à l’avenir de la création. Les détails avec Francine MARIANI-DUCRAY, Membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel.
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Comment le CSA appréhende-t-il les inquiétudes grandissantes des acteurs du PAF sur l’avenir de la création ?
Francine MARIANI-DUCRAY
Le paysage audiovisuel traverse une forte mutation. De nouveaux acteurs numériques sont apparus dans un espace non régulé. Ce mouvement correspond à des changements technologiques et à des évolutions d’usages. Les groupes audiovisuels classiques, régulés, qui sont les principaux financeurs de la création, sont confrontés à ces nouvelles concurrences. Pour cela, ils ont développé de nouvelles offres, y compris non linéaires. Producteurs et diffuseurs, deux partenaires étroitement liés, doivent être capables d’assurer ensemble la pérennité de la création en dépit d’une concurrence toujours plus poussée.
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Quelles adaptations peuvent être mises en place pour pérenniser la création audiovisuelle ?
Francine MARIANI-DUCRAY
Dans nos travaux, nous n’avons pas voulu interférer dans les discussions en cours au Parlement et proposons des adaptations qui ne nécessitent pas de modification législative. Nous voulons encourager des discussions autour de constats que les éditeurs, les producteurs, mais aussi les auteurs commencent à établir en commun. Le CSA est convaincu que des marges de discussion, des accords professionnels retranscrits ensuite dans les conventions des chaînes et, le cas échéant, des aménagements réglementaires sont possibles.
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Quelles sont les principales mesures qui amèneraient à changer les choses ?
Francine MARIANI-DUCRAY
La conclusion de l’accord du 10 décembre entre France Télévisions et les organisations professionnelles de producteurs indépendants est une référence. Les discussions pourraient se poursuivre avec les groupes privés. A côté de la production indépendante très encadrée et de la production dépendante sans contrainte, une troisième voie est possible assurant un volume d’affaires aux producteurs et plus de souplesse aux chaînes (étendue des droits, parts de producteur etc.). Produire de la fiction en série exportable et être capable de rivaliser avec les meilleures productions étrangères suppose un investissement important. Tout le monde a un intérêt à réfléchir à la manière dont une production coûteuse peut se vendre facilement à l’étranger et s’amortir correctement sur l’ensemble des antennes d’un groupe et leurs différents supports de diffusion.
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Que pense le CSA du rapprochement TF1/Newen et Vivendi/Banijay/Zodiak?
Francine MARIANI-DUCRAY
Ces rapprochements ont démontré que la législation actuelle permettait ce type d’opérations. Les groupes éditeurs réfléchissent à des modalités d’expansion internationale. Producteurs et distributeurs ont un rôle important dans le montage financier des projets. L’un des ressorts de la créativité, c’est précisément l’existence d’un tissu d’entreprises de production indépendantes, qui prennent elles-mêmes un risque pour la création et la vie économique.