Le patron de Google Eric Schmidt a été reçu lundi par le président François Hollande à Paris, une plongée en milieu hostile alors que le gouvernement, poussé par les éditeurs de presse français et européens, est déterminé à faire payer une taxe au moteur de recherche américain. Italiens et Allemands font cause commune avec les Français pour réclamer l’instauration d’un droit payant qui serait reversé par Google aux organes de presse, arguant que ce sont leurs contenus, régulièrement actualisés, qui drainent les visiteurs vers le géant du net, lui permettant de réaliser d’importants profits publicitaires. Google rétorque qu’il redirige «quatre milliards de clics par mois» vers les éditeurs dans le monde. «Ce mouvement européen nous permet de ne pas être démunis face à Google. Il ne faut pas qu’on considère que tous les combats sont perdus face à ces grandes entreprises du numérique», a souligné lundi matin sur France Inter la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, favorable à la demande des éditeurs. Il «est normal que les grands sites agrégateurs participent au financement de la presse», a réaffirmé la ministre, qui a également rencontré lundi le patron de Google, lancé dans une tournée européenne. Berlin a déjà adopté fin août un projet de loi obligeant les moteurs de recherche à verser des commissions aux éditeurs. Mais son adoption par le Parlement n’est pas acquise, la gauche y étant opposée. Sourd à ce stade aux revendications d’une presse qui prend la crise de plein fouet, le géant américain montre les dents: le moteur de recherche menace de ne plus référencer les journaux français si une telle taxe devait voir le jour, c’est-à-dire de ne plus afficher les liens qui renvoient le lecteur vers leurs sites. Instaurer une taxe serait «néfaste pour internet et pour les internautes», a mis en garde Olivier Esper, responsable de Google, dont le siège social est basé en Irlande et échappe ainsi à la taxation sur les sociétés dans l’Hexagone. Selon le «Figaro», François Hollande serait favorable à une loi pour contraindre Google à partager les bénéfices créés par l’information en ligne.