Le pass culture, près de dix mois après son lancement, est sous le feu des critiques: l’opposition fustige le peu d’efficacité du dispositif tandis qu’un des responsables de sa mise en place a démissionné et un autre a vu sa rémunération réduite.
Isabelle Giordano, présidente du comité stratégique de la SAS (société par actions simplifiée) Pass culture, a annoncé mercredi devant la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale qu’Éric Garandeau ne la conseillait plus désormais: «Nous ne travaillons plus avec Eric Garandeau depuis lundi. Il a démissionné». Quant à la rémunération du président de la SAS, Damien Cuier, elle a été «revue à la baisse», a-t-elle annoncé.
A la suite d’un article de Mediapart de début novembre qui dénonçait ces rémunérations, Mme Giordano répondait à une question de Michel Zumkeller, représentant du groupe UDI, qui évoquait un potentiel conflit d’intérêt concernant Eric Garandeau, pressenti pour présider Pass Culture et qui est à la tête d’une société de consulting selon Mediapart.
Selon le site d’informations, Damien Cuier toucherait 170.000 euros par an. Quant à Eric Garandeau, qui travaille à tiers-temps pour la SAS, sa rémunération atteindrait 6.000 euros mensuels. Sa société, Garandeau Consulting, aurait été grassement payée: selon Mediapart, l’Etat aurait versé 651.600 euros à celle-ci entre septembre 2018 et mai 2019. Le ministre de la Culture Franck Riester avait dressé le bilan début novembre de cette mesure phare du gouvernement, parlant d’une «montée en puissance très forte» du dispositif «sur le bassin de 150.000 jeunes (14 départements) où il est expérimenté.
Le gouvernement a lancé le 1er février 2019 cette mesure qui propose gratuitement aux jeunes de 18 ans jusqu’à 500 euros de dépenses en activités et biens culturels, grâce à une application qui les géolocalise. 40.000 jeunes sont inscrits au Pass culture, a indiqué Mme Giordano.
En première position, arrive le livre, suivi par les festivals et concerts. Au troisième rang, viennent les DVD et les abonnements à la musique numérique via Deezer. Le cinéma ne représente que 4% des réservations.
Pour pallier cette carence, des dispositifs doivent être mis en place pour que le cinéma puisse poster des offres de manière plus systématique, et l’expérience Pass culture sera poursuivie avec ouverture probable de nouveaux territoires, a assuré Mme Giordano.
Plusieurs députés d’opposition s’étaient interrogés sur le faible nombre d’inscrits et le taux de consommation décevant sur les 500 euros prévus, puisque le montant moyen dépensé serait de 94 euros selon la rapporteure Dominique David (LREM).