Empêcher la radicalisation et le recrutement de combattants par le groupe Etat islamique (EI) en Europe doit passer par une lutte accrue contre la propagande jihadiste sur internet, a préconisé mercredi le Parlement européen, suggérant aux Etats membres davantage de sévérité envers les fournisseurs d’accès.
Les gouvernements européens devraient engager des poursuites pénales contre les entreprises de l’internet qui «refusent de donner suite» à des demandes visant à «effacer des contenus illicites ou faisant l’apologie du terrorisme», ont affirmé les parlementaires, pour qui un tel refus équivaut à un «acte de complicité».
Réunis à Strasbourg, les eurodéputés ont adopté à une très large majorité une résolution non contraignante sur la prévention de la radicalisation. «Internet est devenu le premier camp d’entraînement virtuel de ces terroristes radicaux, à coups de vidéos et de sites quasi hollywoodiens incitant à la haine, à la barbarie, au terrorisme et au crime», a expliqué lors du débat la rapporteur du texte, l’ex-ministre française de la Justice Rachida Dati. Hasard du calendrier : son rapport, préparé à la suite des attentats contre «Charlie Hebdo» en janvier 2015, a finalement été soumis au vote moins de deux semaines après la nouvelle vague d’attaques sanglantes à Paris.
Le commissaire chargé des Affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, a rappelé qu’un forum contre la propagande terroriste en ligne, réunissant les acteurs d’internet, des représentants des autorités et de la société civile, serait lancé le 3 décembre à Bruxelles pour rechercher des «solutions pratiques» contre la radicalisation. Dans son rapport, Mme Dati aborde aussi la radicalisation dans les prisons. Une des solutions serait – «au cas par cas» – de séparer les détenus radicalisés des autres, selon le texte adopté.
Par ailleurs, les eurodéputés ont appelé l’UE à mettre en place des «contrôles systématiques et obligatoires» à ses frontières extérieures. Ils ont ausi demandé aux Etats membres de placer sous contrôle judiciaire, voire en rétention administrative, les combattants jihadistes de retour en Europe, de Syrie ou d’ailleurs, «jusqu’à ce que les poursuites judiciaires soient engagées» à leur encontre.
Enfin, le Parlement s’est engagé à approuver «avant la fin de l’année» la mise en place d’un fichier rassemblant des données sur les passagers aériens (PNR), un dossier bloqué depuis des années en raison de craintes de nombreux élus quant aux libertés individuelles. Un tel fichier «doit être mis en place, y compris pour les vols intra-européens», a plaidé mercredi le président de la Commission, Jean-Claude Juncker.