Le Kremlin juge «inapproprié» pour l’instant de commenter l’arrestation en France du patron de Telegram

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Le Kremlin a jugé lundi «inapproprié» de commenter pour l’instant l’arrestation en France du patron de Telegram, Pavel Durov, recherché pour diverses infractions graves de sa messagerie cryptée.

«Nous ne savons pas concrètement de quoi Durov est accusé, nous n’avons entendu aucune déclaration officielle à ce sujet», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

«Avant de dire quoi que ce soit, il faut attendre que la situation s’éclaircisse (…). Sans cela, il serait probablement inapproprié de faire des déclarations quelconques», a-t-il insisté.

Le milliardaire de 39 ans qui possède les nationalités française et russe a été interpellé samedi soir dernier dans l’aérogare du Bourget, au nord de Paris, a dit une source proche du dossier, alors qu’il arrivait de Bakou en Azerbaïdjan.

Le président russe, Vladimir Poutine, était lui-même à Bakou en début de semaine dernière. Interrogé lundi sur ce point, le porte-parole du Kremlin a affirmé que MM. Durov et Poutine ne s’y étaient pas rencontrés.

L’office chargé de la lutte contre les violences faites aux mineurs (Ofmin) avait émis un mandat de recherche contre Pavel Durov pour des infractions allant de l’escroquerie au trafic de stupéfiants, au cyberharcèlement, à la criminalité organisée en passant par l’apologie du terrorisme et la fraude, a expliqué une autre source proche du dossier.

La messagerie en ligne lancée en 2013 par Pavel Durov et son frère Nikolaï, sur laquelle les communications peuvent être chiffrées de bout en bout et dont le siège social se trouve à Dubaï, s’est positionnée à contre-courant des plateformes américaines, critiquées pour leur exploitation mercantile des données personnelles.

Telegram, qui est un des réseaux sociaux les plus utilisés en Russie avec des chaînes pouvant avoir plusieurs centaines de milliers d’abonnés, s’est notamment engagé à ne jamais dévoiler d’informations sur ses utilisateurs.

Ce lundi 26 août, les avis étaient partagés dans les rues de Moscou sur le bienfondé de cette arrestation. «Les messageries ne doivent pas être contrôlées, parce que les échanges privés, ce sont des échanges privés.

Point final», a dit Bamba, spécialiste des appareils de climatisation, 38 ans, rencontré non loin de l’ambassade de France. «Je pensais qu’en France, la liberté d’expression était à un bon niveau. Mais après cette arrestation, quelque chose change», a-t-elle ajouté.

Chamil Magomedov, un barman de 23 ans, estime, lui, que les messageries cryptées doivent aussi être «vérifiées» face au risque d’être utilisées par des criminels. «On vit à une époque où il y a eu récemment plusieurs attentats et donc je ne suis pas contre un contrôle du gouvernement».