Le Kirghizstan a fustigé mercredi les critiques des Etats-Unis consécutives à la fermeture du principal média privé de ce pays d’Asie centrale, la branche locale de Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), que finance Washington.
Fin avril, un tribunal de cette ex-république soviétique alliée de la Russie a prononcé après une demande des autorités la fermeture d’Azattyk, nom de la filiale kirghize comptant près de deux millions d’abonnés sur sa chaîne Youtube.
En réaction, le département d’Etat américain a appelé le Kirghizstan à «examiner de façon impartiale et approfondie tout recours que pourrait déposer RFE/RL», dont la fermeture définitive «compromettrait l’engagement du président du Kirghizstan, Sadyr Japarov, en faveur de la liberté de la presse et d’expression».
Le porte-parole du président Japarov a qualifié ce mercredi 3 mai 2023 ces déclarations «d’inappropriées et infondées» et «exhorté» les Etats-Unis à «ne pas interférer dans les affaires intérieures kirghizes». Le Kirghizstan est un «pays libre, sans entrave pour les libertés d’expression et de la presse», avec un «pouvoir judiciaire indépendant», a assuré Erbol Soultanbaïev sur sa page Facebook.
Mais si le Kirghizstan a longtemps joui d’un relatif pluralisme médiatique et politique dans une région où la liberté d’expression reste encadrée, les ONG dénoncent une hausse des pressions contre les médias ou la société civile.
D’après Reporters sans frontières, le pays, qui a chuté à la 122e place sur 180 dans son classement mondial de la liberté de la presse, «connaît une recrudescence des pressions sur les médias».
Les autorités ont reproché à Azattyk, qui couvre notamment l’opposition et enquête sur la corruption, de ne pas avoir retiré un reportage, malgré leurs demandes, sur les affrontements meurtriers de septembre avec le Tadjikistan voisin.
La Russie avait déclaré fin avril être prête à «partager son expérience» avec le Kirghizstan après avoir «adopté des lois efficaces contre l’ingérence étrangère».