Le japonais Nintendo abaisse certaines prévisions annuelles

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Le japonais Nintendo a abaissé mardi certaines prévisions annuelles après une chute de presque 60% de son bénéfice net au premier semestre, tablant sur des mois encore plus difficiles que prévu jusqu’à la sortie du successeur de sa console Switch. Pour son exercice 2024/25 s’achevant fin mars prochain, le groupe s’attend ainsi à un bénéfice opérationnel en recul de 32% (contre -24% anticipés jusque-là), et à des ventes en baisse de 23% (au lieu de 19%). Il table toujours sur un résultat net annuel de 300 milliards de yens (1,8 milliard d’euros), ce qui serait une baisse de 39% sur un an. Face à cette dégringolade, la planète jeu vidéo – et les investisseurs – continuent à guetter les moindres indices et rumeurs sur la console qui succèdera à la vieillissante Switch, Nintendo ayant seulement révélé en mai dernier qu’une annonce serait faite à ce sujet d’ici fin mars 2025. «Il est difficile de déterminer précisément le calendrier» de Nintendo concernant le successeur de la Switch, a commenté Takeshi Koyama dans une récente note de Mizuho Securities. Le géant du jeu vidéo «se concentre sur les ventes de sa console Switch actuelle en 2024», et notamment durant la saison traditionnellement lucrative des fêtes de fin d’année, et des nouvelles de la prochaine console «pourraient donc arriver à partir de mi-janvier», a-t-il ajouté. Plusieurs analystes s’attendent à un lancement entre mars et juin 2025 qui permettrait à Nintendo de redresser la barre sur l’exercice 2025/26 qui commencera le 1er avril prochain. La Switch, sortie en mars 2017 et vendue depuis à plus de 146 millions d’exemplaires, selon les derniers chiffres de Nintendo, aura alors déjà soufflé ses huit bougies, dépassant largement en longévité les précédentes consoles de la marque. Marquée par des ventes «inférieures aux attentes initiales» de consoles (-31% en volume sur un an) et de jeux (-27,6%), la première partie de l’exercice décalé de Nintendo souffre notamment de la comparaison avec l’année précédente, marquée par les succès de «Zelda: Tears of the Kingdom» et du film «Super Mario Bros». En attendant la relève, Nintendo espère freiner l’inévitable baisse de ses ventes avec des sorties régulières de nouveaux jeux de ses séries historiques, comme «The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom» et «Super Mario Party Jamboree» ces dernières semaines, ou «Mario & Luigi: L’Epopée fraternelle», qui doit être mis en vente jeudi. Elle a néanmoins abaissé mardi son objectif de vente de Switch sur l’ensemble de l’exercice à 12,5 millions d’unités, contre 13,5 millions jusque-là. L’entreprise, dont les ventes de jeux et consoles ont représenté l’an dernier plus de 93% du chiffre d’affaires, poursuit par ailleurs une stratégie amorcée depuis plusieurs années afin de toucher un public plus large. Elle a ainsi multiplié les ouvertures de magasins vendant des produit dérivés à l’effigie de ses personnages, investi dans des parcs d’attractions au Japon ou aux Etats-Unis, et ouvert le mois dernier un musée à Kyoto pour retracer ses quelque 130 ans d’histoire. Le film «Super Mario Bros.» sorti l’an dernier a aussi cartonné en salles, se classant deuxième au box-office mondial en 2023. Le but de Nintendo avec cette stratégie n’est pas directement d’augmenter ses ventes mais plutôt «d’augmenter le nombre de personnes en contact avec ses propriétés intellectuelles pour les inciter à acheter ses jeux», a indiqué Hideki Yasuda de Toyo Securities. «L’objectif final est de vendre des consoles et des jeux, ce qui offre un meilleur retour sur investissement», insiste-t-il. La Switch est la 3ème console la mieux vendue dans l’histoire du jeu vidéo derrière la PlayStation 2 de Sony et la Nintendo DS.