Le groupe informatique Atos, en pleine déconfiture financière, a dû renoncer lundi au projet d’augmentation de capital censé lui apporter une bouffée d’oxygène et annoncé faire appel à un mandataire ad hoc pour l’aider à négocier avec ses banques créancières. L’ancien fleuron de la tech française, qui enchaîne les déconvenues depuis plusieurs années, a été immédiatement sanctionné à la Bourse de Paris par des investisseurs de plus en plus inquiets pour son avenir: à 14h30, l’action Atos perdait un quart de sa valeur (-25,29% à 2,94 euros), portant à 60% son repli depuis le début de l’année.
Tout est parti d’une nouvelle communication financière de l’entreprise lundi matin, dans laquelle elle indique annuler son augmentation de capital de 720 millions d’euros, envisagée depuis l’été 2023. A l’époque, elle avait même été annoncée à hauteur de 900 millions d’euros avant d’être revue à la baisse en début d’année.
Atos, qui a justifié cette décision par «l’évolution du contexte du marché», a précisé qu’une autre augmentation de capital, d’un montant moins élevé, n’était pas à exclure à l’avenir. L’annulation de cette opération est «catastrophique» au vu des difficultés du groupe, a asséné un analyste. «C’était de l’argent frais censé donner un peu d’oxygène», a insisté Lionel Melka, associé gérant de Swann Capital. Surtout qu’Atos, qui a vu sa notation financière dégradée fin janvier par l’agence S&P, est confronté à un mur de dette, avec 3,65 milliards d’euros d’emprunts et d’obligations à rembourser ou refinancer avant fin 2025. Contraint à négocier avec ses 22 banques créancières, le groupe a également annoncé lundi avoir sollicité la nomination d’un mandataire ad hoc, pour l’assister dans ses discussions. Ce faisant, il souhaite «faire accélérer les discussions» avec ces établissements pour parvenir à une solution, a fait valoir une source proche du dossier.
En parallèle, le groupe a dit poursuivre ses négociations avec le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky pour la reprise de Tech Foundations, l’entité qui regroupe les activités historiques d’infogérance. Et, ce, «sans certitude qu’elles aboutissent à un accord», a répété Atos. Une prudence déjà exprimée début janvier. Il continue aussi ses discussions avec Airbus pour la cession de ses activités big data et sécurité (BDS) et a ouvert une phase de «due diligence» (consultation des comptes, NDLR) préalable aux négociations. Le groupe avait indiqué que la valeur d’entreprise du périmètre concerné était évaluée entre 1,5 et 1,8 milliard d’euros. Le groupe, qui a récemment connu plusieurs changements de gouvernance, devra aussi faire face à une mission d’information au Sénat. Ses travaux devraient débuter «courant février».