Le groupe de médias espagnol Prisa annonce la démission de son directeur général après le rejet de son projet de télévision

Le groupe de médias espagnol Prisa a annoncé mercredi la démission de son directeur général après le rejet par son conseil d’administration d’un projet de chaîne de télévision, vivement contesté en interne. Le conseil d’administration de Prisa «a pris acte et a accepté la démission de Carlos Núñez en tant que directeur exécutif» de l’entreprise, «effective à partir d’aujourd’hui», a indiqué le groupe dans un communiqué. Il remercie M. Núñez, qui était également président de la branche médias du groupe espagnol, pour son «engagement» et les «résultats obtenus» depuis son arrivée à ce poste il y a près de quatre ans. Prisa, propriétaire du quotidien espagnol El Pais, mais aussi du journal sportif AS, de la radio Cadena Ser et de la société d’édition Santillana, ne précise pas dans son communiqué les raisons de cette démission. Cette dernière survient cependant moins de 24 heures après le rejet par le conseil d’administration du groupe d’un projet de chaîne de télévision gratuite défendu depuis plusieurs mois par M. Núñez. Très contesté en interne, en raison de l’état des finances de Prisa, ce projet a été rejeté «par une majorité écrasante», indique le président de Prisa, Joseph Oughourlian, dans un entretien au quotidien Expansion. Selon M. Oughourlian, principal actionnaire de Prisa (29,57%) via son fonds d’investissement Amber Capital, il n’y avait en effet pas «les garanties nécessaires» pour assurer la viabilité de cette chaîne. Elle avait «un financement de seulement 20 millions d’euros, ce qui pour une chaîne suffit à peine pour cinq minutes» d’antenne, ironise M. Oughourlian, très critique dans cette interview vis-à-vis du projet de Carlos Núñez. «Investir en 2025 dans une chaîne» de ce type «ne me semble pas être un projet d’avenir», insiste l’homme d’affaires français, qui évoque les critiques internes concernant le coût de ce projet et son risque financier. La démission de Carlos Núñez survient au lendemain de la publication des résultats financiers de Prisa, qui a essuyé une nouvelle perte nette (-11,6 millions d’euros) l’an dernier, mais a fortement réduit son endettement. Le groupe, qui a engagé ces dernières années un plan de réduction des coûts et une vaste réorganisation de ses activités, avait au 31 décembre 750 millions d’euros de dette, contre 832 millions un an auparavant.