Le gouvernement français envisage des restrictions ponctuelles sur les réseaux sociaux en cas d’émeutes

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Le gouvernement français envisage des restrictions ponctuelles de certaines «fonctionnalités» des réseaux sociaux en cas d’émeutes mais n’a pas l’intention de procéder à un «black-out généralisé» des plateformes, a assuré mercredi un porte-parole. «Ça peut être des suspensions de fonctionnalités», a déclaré le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, en évoquant les outils à disposition lors de situations telles que les émeutes ayant secoué la France la semaine dernière, déclenchées par la mort d’un adolescent, Nahel, atteint par le tir d’un policier le 27 juin. «Vous avez par exemple des fonctions de géolocalisation, sur certaines plateformes, qui permettent à des jeunes de se retrouver à tel endroit, en montrant des scènes, comment mettre le feu etc. (Ce sont) des appels à l’organisation de la haine dans l’espace public et là, vous avez autorité pour pouvoir suspendre», a-t-il dit. Olivier Véran était invité à clarifier des propos tenus la veille par le président Macron devant quelque 300 maires de communes victimes de violences durant les émeutes. Selon l’entourage du chef de l’Etat, ce dernier «n’a à aucun moment dit qu’il envisageait de couper les réseaux dans le sens d’un black-out généralisé». «Il s’agit de «pouvoir ponctuellement et temporairement suspendre des réseaux sociaux», selon cette source. «Nous avons besoin d’avoir une réflexion sur l’usage de ces réseaux chez les plus jeunes, dans les familles, à l’école, les interdictions qu’on doit mettre», a souligné le président. Les réactions n’ont pas tardé. «Couper les réseaux sociaux ? Comme la Chine, l’Iran, la Corée du Nord ?», a ironisé le président du groupe Les Républicains à l’AN Olivier Marleix, sur Twitter. «OK Kim Jong Un», s’est exclamée la présidente du groupe La France Insoumise à l’Assemblée Mathilde Panot. Le ministre chargé de la Transition numérique Jean-Noël Barrot a proposé mardi soir au Sénat la mise en place d’un groupe de travail sur les mesures à prendre en cas d’émeutes, qui pourraient être intégrées au projet de loi pour «sécuriser» internet. Son ministère s’est félicité mercredi que les grandes plateformes, comme Twitter, TikTok, Meta (Facebook et Instagram) et Snapchat avaient «très rapidement retiré des milliers de contenus illicites» – appels à la violence, divulgation de données personnelles de policiers… –  «et suspendu des centaines de comptes» à la demande de l’Etat lors de la récente vague de violences urbaines. TikTok a souligné avoir renforcé ses moyens de modération pendant les émeutes, tout en indiquant n’avoir jamais été confronté à des demandes de blocage de fonctionnalités. Snapchat et Meta ont affirmé être vigilants dans le contexte actuel, disant interdire les contenus incitant à la haine ou à la violence.