Le gouvernement britannique a annoncé jeudi qu’il interviendrait dans le processus de vente du groupe de médias «The Telegraph» au nom de «l’intérêt public», face à la perspective d’une prise de contrôle par un fonds américano-émirati.
Dans un communiqué jeudi, la ministre de la Culture Lucy Frazer a annoncé avoir informé la famille Barclay et Redbird IMI, respectivement propriétaire actuel et acquéreur potentiel du groupe, de son intention de lancer une procédure qui va déclencher des rapports de l’autorité de la concurrence (CMA) et du régulateur des médias. Ce dernier est saisi de questions sur la «nécessité de présenter l’information de manière exacte et la libre expression dans les journaux», a-t-elle souligné. La ministre leur a demandé de rendre leurs rapports d’ici au 26 janvier. Sa décision de lancer un «avis d’intervention au nom de l’intérêt public» est relative à ses «inquiétudes qu’il puisse y avoir des considérations d’intérêt public», écrit-elle dans un communiqué. La banque britannique Lloyds, créancière des Barclay, a mis en vente en octobre le «Telegraph» pour éponger de lourdes dettes pour un montant d’environ 1,2 milliard de livres (1,38 milliard d’euros). La vente du groupe, l’un des plus influents de la presse britannique, qui comprend le quotidien conservateur «The Telegraph» et l’hebdomadaire «Spectator», suscite des inquiétudes dans la classe politique. Une coentreprise entre le fonds américain Redbird et le fonds d’investissement dans les médias d’Abou Dhabi (IMI) a récemment passé un accord avec la famille Barclay pour rembourser sa dette à la banque Lloyds, opération qui verrait au passage cette coentreprise prendre le contrôle du groupe.
La coentreprise, baptisée Redbird IMI, a assuré que le fonds émirati «sera seulement un investisseur passif» et que le fonds américain «seul prendra le contrôle de la gestion et de la responsabilité opérationnelle des titres sous la direction» de l’ex-patron de CNN, Jeff Zucker, directeur général de RedBird IMI. Lloyds étudie actuellement cet accord de financement, d’après une source proche du dossier. D’autres acheteurs sont en lice, avait indiqué le mois dernier une source proche de l’opération, dont le groupe de presse allemand Axel Springer, éditeur du tabloïd «Bild», et DMGT, maison-mère notamment du tabloïd de droite «The Daily Mail».