Le géant français de la technologie Thales utilise l’intelligence artificielle pour la planification militaire

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Le géant français de la technologie Thales utilise l’intelligence artificielle (IA) de la start-up NukkAI, qui a triomphé récemment de champions de bridge, pour un nouveau système militaire d’aide à la décision, a-t-il indiqué jeudi dernier.

Nook, cette intelligence artificielle, avait battu en mars huit champions internationaux de bridge, réussissant à faire mieux que les humains dans près de 80% des parties jouées.

Une «cousine» de Nook va être utilisée dans un nouvel outil développé par Thales, à destination des états-majors et centres de commandement militaire.

Elle permettra d’analyser et de synthétiser automatiquement la masse d’informations venant du théâtre d’opérations  – vidéos, sons, réseaux sociaux, imagerie satellite, conversations téléphoniques, données venant des équipements engagés… – pour que l’état-major ait la vision la plus complète possible de la situation.

Les technologies modernes produisent «un accroissement exponentiel de la quantité d’informations qui arrivent dans les centres de commandement», a expliqué David Sadek, vice-président recherche et technologie de Thales.

Par ses capacités d’analyse et de déduction, le nouvel outil doit permettre à «quelques dizaines d’analystes militaires» de faire le travail qui mobilise aujourd’hui «un millier» d’entre eux, a-t-il ajouté.

L’outil va être testé à l’automne prochain dans un exercice de l’Otan, Steadfast Jupiter.

Une petite cellule d’analystes utilisant l’outil fonctionnera en parallèle du centre d’analyse classique et les résultats des deux seront comparés.

L’intérêt pour les militaires du moteur d’IA de NukkAI est qu’il utilise largement l’intelligence artificielle «symbolique» ou «logique».

Celle-ci est capable de justifier instantanément ses déductions et ses choix car elle repose sur des bases de connaissances et des raisonnements formels que le logiciel peut restituer.

A l’inverse, les programmes utilisant uniquement les réseaux de neurones, à l’origine des énormes développements de l’intelligence artificielle ces dernières années, sont de véritables «boîtes noires», incapables le plus souvent d’expliquer leur cheminement pour arriver à telle ou telle conclusion.

«La trajectoire vertueuse en intelligence artificielle, c’est l’hybridation, c’est-à-dire la capacité à utiliser le meilleur» des réseaux de neurones et des modèles symboliques, a souligné David Sadek.