Le géant américain du jeu vidéo Epic Game ouvre sa boutique d’apps sur mobiles dans l’UE au terme d’un bras de fer avec Apple

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Le géant américain du jeu vidéo Epic Games a lancé vendredi son magasin d’applications mobiles sur les appareils Android dans le monde et sur les iPhone et iPad en Europe, permettant aux utilisateurs de s’affranchir des interfaces de Google et d’Apple. Le créateur de «Fortnite» écume les tribunaux et intervient auprès des autorités depuis plusieurs années pour forcer ces deux géants de la tech à ouvrir leurs systèmes d’exploitation à des boutiques d’entreprises tierces, notamment pour ne plus avoir à leur payer de commission sur les achats des consommateurs. «Nous sommes très heureux de lancer nos jeux sur iOS et Android grâce à la nouvelle loi européenne», a affirmé le patron d’Epic, Tim Sweeney, lors d’une conférence de presse depuis ses locaux en Suède. Le règlement européen sur les marchés numériques (DMA) a imposé cette ouverture à la concurrence sur le Vieux Continent, obligeant Apple à une concession que la marque à la pomme n’a pas mise en oeuvre ailleurs dans le monde. «Le DMA nous obligeait à offrir de nouvelles fonctionnalités aux développeurs de l’UE», a déclaré vendredi Apple dans un communiqué. «Nous avons travaillé pour les rendre aussi simples que possible pour les utilisateurs tout en essayant de protéger leur vie privée et leur sécurité.» «Oui, joueurs, l’Europe c’est plus de liberté et de choix!x», a réagi sur X le commissaire européen au numérique Thierry Breton. Epic voit ainsi son titre phare «Fortnite» signer son retour sur iPhone et iPad, après en avoir été banni en 2020 lorsqu’il avait cherché à contourner les règles et systèmes de paiement en place. Pour attirer d’autres développeurs sur sa boutique, Epic promet notamment un partage de revenus davantage en leur faveur. «Nous avons comme objectif 100 millions de nouvelles installations nettes sur mobile avant la fin de l’année», a indiqué Steve Allison, directeur de l’Epic Games Store. «La seule chose qui nous empêcherait d’y parvenir, ce sont les freins qu’Apple et Google mettent en place et ils sont assez importants» a-t-il déploré. Epic dénonce en effet un processus «long et de piètre qualité» pour installer sa boutique, «avec de nombreuses étapes, des paramétrages peu clairs à effectuer» et l’apparition de messages d’informations qui, selon l’entreprise, peuvent effrayer les consommateurs. «Nous allons perdre une grande partie de nos utilisateurs à cause de ces avertissements», s’est agacé Tim Sweeney. Le groupe, qui dit avoir approché 250 développeurs, a également pointé du doigt des frais imposés par Apple qui, selon lui, les découragent de venir sur sa boutique en réduisant leur rentabilité. Outre «Fortnite», deux autres jeux très populaires, «Fall Guys» (pour la première fois sur mobile) et «Rocket League Sideswipe» sont présents au lancement de sa boutique. «Ce n’est que le début d’un long effort pour ramener nos jeux sur toutes ces plateformes dans le monde entier et le combat n’est pas terminé tant que «Fortnite» n’est pas de retour sur iOS partout et libéré des taxes d’Apple», a martelé Tim Sweeney. Depuis plusieurs mois, l’Union européenne met la pression sur les grandes plateformes du numérique pour qu’elles s’ouvrent davantage à la concurrence. Apple a ainsi annoncé la semaine dernière qu’il allait procéder à des ajustements pour sa boutique d’applications après une mise en garde de Bruxelles, qui estimait que l’App Store ne respectait pas les nouvelles règles de la concurrence des 27.