LCI, Paris Première, Planète+ gratuites au 1er janvier ?

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Les chaînes payantes LCI (groupe TF1), Paris Première (M6) et Planète+ (Canal+) deviendront-elles gratuites au 1er janvier ? Le CSA tranchera cette semaine sur leur demande. Sinon, toutes 3 se disent condamnées à disparaître. C’est une nouvelle chance pour ces chaînes à qui le Conseil supérieur de l’audiovisuel avait dit non en bloc en juillet 2014, décision ensuite annulée par le Conseil d’Etat pour vice de procédure. Chacune a encore plaidé sa cause ces dernières semaines devant le régulateur. TF1, qui tente depuis 2005 de faire passer sa chaîne d’info LCI en gratuit, a averti comme l’an dernier que s’il n’obtenait pas gain de cause, il la fermerait ou la vendrait. Réléguée sur les bouquets payants, face à ses concurrentes gratuites BFMTV (groupe NextRadioTV) et iTélé (groupe Canal+), LCI ne compte plus que 10.000 téléspectateurs par quart d’heure. M6 juge aussi indispensable une diffusion gratuite pour sa chaîne culturelle Paris Première, car CanalSat, son principal distributeur, la rétribue de moins en moins, et la chaîne est à peine bénéficiaire. Quant à Planète+, elle deviendra aussi déficitaire si elle n’est pas gratuite, selon Canal+. En 2014, leurs plaidoyers n’avaient pas convaincu le gendarme de l’audiovisuel, qui avait refusé leur gratuité pour des motifs économiques: sur un marché de la pub télé stagnant, LCI, forte de la puissance de TF1, menacerait iTélé et BFMTV. Paris Première était elle accusée de concurrencer Numéro 23 et NRJ12. Mais depuis, la donne a changé. Avec tout d’abord un mouvement de consolidation qui a renforcé leurs concurrentes, et donc affaibli leurs arguments: NextRadioTV, maison mère de BFMTV, a été rachetée par le groupe Altice (SFR…). iTélé doit être mieux épaulée par Vivendi, une promesse de son nouveau patron Vincent Bolloré. Et Numéro 23 a été condamnée par le CSA à fermer pour fraude. Autre élément nouveau, Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions – choisie par le CSA – veut lancer une chaîne d’info publique dès 2016. Il y a également eu un petit rebond du marché publicitaire cette année, surtout pour les petites chaînes. Pour convaincre le CSA, les candidates ont enfin amélioré leur offre de grille, en donnant plus de place à la culture pour Paris Première et aux magazines pour LCI. En acceptant une LCI gratuite, le CSA prendrait le risque économique de voir 4 chaînes d’info gratuites se disputer un marché de l’info de 3% de l’audience environ, mais privilégierait le pluralisme, argument phare de LCI. «Cette décision ne sera pas purement économique, car il n’y pas de place en France pour tant de chaînes d’info. Ce sera aussi une décision politique», a souligné le consultant médias Pascal Lechevallier. BFMTV, NRJ12 et iTélé ont de nouveau exprimé leur inquiétude de voir arriver de nouvelles concurrentes. Sur les 25 chaînes de la TNT gratuite, hormis les chaînes historiques, la plupart restent déficitaires, même D8, la plus populaire, lancée il y a 10 ans. iTélé, qui perd 15 millions d’euros par an, risque selon Canal+ de perdre 25 millions par an si LCI devenait gratuite. En revanche BFMTV est dans le vert. Mais le CSA tiendra compte de l’impact d’un refus. «LCI n’aura plus de distributeur payant le 31 décembre» car ils ne veulent plus la commercialiser. En cas de refus, «nous lancerons une démarche de fermeture ou de reprise», a averti le président de TF1 Nonce Paolini. Le groupe Le Monde a d’ailleurs d’avance proposé de racheter LCI. TF1 a aussi promis de renoncer pendant 2 ans à promouvoir LCI sur son antenne et à vendre des pub groupées, pour ne pas désavantager ses concurrentes – comme le lui a demandé l’Autorité de la Concurrence. Enfin Canal+, maison mère de CanalSat, principal distributeur et source de revenus de LCI comme de Paris Première, a averti le CSA qu’il cesserait de vendre le «minipack TNT payante», qui regroupe LCI, Paris Première et Planète+, qui ne compte plus que 250.000 abonnés.