Laurence HERSZBERG, Directrice général du Forum des Images & Directrice de Séries Mania
Créé par le Forum des Images à Paris, Séries Mania grandit encore et fait évoluer sa programmation comme sa capacité d’accueil. Face aux 22.000 spectateurs et 980 professionnels qui l’ont plébiscité l’an dernier, le festival prend de l’ampleur pour son 7ème anniversaire, du 15 au 24 avril 2016. Séries Mania franchit un cap face à la croissance, à l’échelle internationale, du marché de la série TV. Les détails avec Laurence HERSZBERG, Directrice général du Forum des Images & Directrice de Séries Mania.
MEDIA +
Pour sa 7ème édition, Séries Mania propose, comme à son habitude, un panorama de la production mondiale de séries télévisées. Quelle est votre ambition ?
LAURENCE HERSZBERG
D’emblée, il y a la volonté de se dire que nous avons besoin d’un festival de niveau international, reconnu et qui s’impose parce que les séries TV sont un phénomène qui mérite ce type de rendez-vous sur le plan du public et des rencontres professionnelles. Notre stratégie est de faire grandir Séries Mania sur ces deux volets. Nous reconnaissons la série TV comme un genre à part entière, à la fois sur l’écriture, l’intérêt du public et le potentiel industriel et économique qu’il recèle pour la profession. Le budget du festival a augmenté ces dernières années. En coût direct, nous sommes à 1,5 million d’euros.
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Vous êtes-vous inspirés du Festival de Télévision de Monte-Carlo ?
LAURENCE HERSZBERG
Très peu. Quand nous avons monté Séries Mania il y a 7 ans, nous connaissions le Festival de TV de Monte-Carlo qui est quand même une grande vitrine de la série américaine. Mais nous avons tout de suite décidé de faire découvrir les séries du monde entier. C’est là où nous avons pu découvrir les séries israéliennes comme «Hatufim» ou «False Flag» achetées respectivement par Arte et Canal+. Nous avons été les premiers à explorer la créativité des Argentins et des Australiens.
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Showrunners, producteurs, décideurs, ils sont nombreux à s’y déplacer. Quelle est votre astuce?
LAURENCE HERSZBERG
Nous sommes au départ des gens de cinéma et nous ne connaissions pas le monde impitoyable de la télévision. Dans le domaine du 7ème art, les professionnels connaissent l’importance d’un festival pour lancer un film. Il suffit alors de demander au distributeur ou au vendeur international pour projeter l’œuvre en avant-première. Sur une série TV, vous vous adressez à la fois au diffuseur français, au diffuseur international, au vendeur international ainsi qu’au producteur. C’est très compliqué. La première année, nous avons fait appel à Clyde Phillips, le showrunner de «Dexter». De fil en aiguille, nous avons reçu Vince Gilligan («The X-Files», «Breaking Bad»), David Simon («The Wire»), Terence Winter («The Sopranos», «Boardwalk Empire»), Nic Pizzolatto («True Detective»).
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Quid du Forum de Coproduction Européen de séries TV ?
LAURENCE HERSZBERG
Le circuit de financement international est très clairement devenu un élément essentiel à la production. Il y a un essor à la fois des diffuseurs, un appétit pour des histoires originales et le voyage de produits originaux. Le Forum de Coproduction est limité à 300 participants. 16 projets de séries en développement – sélectionnés sur 191 candidatures – sont présentés à un panel sélectif de potentiels financeurs. Les projets retenus proviennent de 10 pays différents. Nous avons été impressionnés par la qualité des projets. Les Américains et les studios sont très nombreux cette année. Ils nous disent qu’il y a une panne dans le genre «procedural». Dès lors, ils viennent chercher d’autres sources d’inspiration pour renouveler les écritures. Il y a un terrain à investir pour eux en Europe et en Amérique Latine. Séries Mania est la plateforme par excellence.
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Quelles tendances décelez-vous parmi les débats crées pour les professionnels ?
LAURENCE HERSZBERG
Du 19 au 21 avril, les professionnels auront accès à un riche programme, dont les moments forts seront notamment les line-up des chaînes TV présentées par les responsables de fiction des principales chaînes européennes ainsi que de nombreuses tables rondes autour des enjeux majeurs de la profession et des changements du marché international. Nous essaierons de savoir comment financer des séries ambitieuses et quelles sont les perspectives de distribution.
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L’ex-ministre de la Culture, Fleur Pellerin, vous a confié une mission : remettre un rapport lié à la création d’un festival international des séries TV en France. Qu’en est-il ?
LAURENCE HERSZBERG
J’ai rendu ce rapport à Audrey Azoulay le 4 avril dernier. La France est une terre de festivals. Notre pays a su monter les évènements importants dans de nombreux genres. Le Festival d’Annecy est leader sur l’animation, Clermont-Ferrand sur le court-métrage et Angoulême pour la BD. J’ai fourni des recommandations pour qu’un événement de référence sur les séries TV se passe en France.