La télévision publique cherche des voies pour fidéliser son public

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    Face à l’éclatement du paysage audiovisuel et à l’arrivée de la télévision sur de nouveaux supports, les chaînes publiques françaises, grandes pourvoyeuses de fictions, peaufinent leur stratégie. Présents au festival de la fiction TV de La Rochelle, les patrons des programmes de France 2 et France 3 ont vigoureusement défendu la création française et dévoilé quelques-unes des pistes exploitées pour fidéliser leur public. «Nous sommes à un vrai tournant concernant la fiction française. On vit des moments difficiles avec l’entrée de la télévision totale car la part des TV américaines est importante», reconnaît Eric Stemmelen, directeur des programmes de France 2. D’autant que les nouveaux supports, portables, télévision mobile, Internet, permettent déjà ou vont permettre à chacun de choisir ses programmes à la carte. Pour M. Stemmelen, «l’expérience montre en Europe que c’est toujours la fiction nationale qui constitue le coeur des programmes». Se pose alors la question de la qualité des scénarios, de leur caractère innovant. «Il faut absolument qu’il y ait un regard d’auteur sur une fiction et qu’ils soient plusieurs», insiste-t-il. Aux Etats-Unis, des pools de scénaristes salariés travaillent sur des projets communs. Un modèle difficile à importer en France en raison de la législation en matière de droits d’auteur. France 2 va lancer «certainement au printemps prochain» un feuilleton quotidien qui sera diffusé avant le journal de 20h00 et «doit être disponible en VOD (vidéo à la demande) et sur le téléphone mobile». Un pari pour la chaîne qui mise sur 260 épisodes par an. Nom de code de la production? «Cinq soeurs». Le constat est identique chez France 3. «Nous vivons une véritable période de transition, tant pour les chaînes généralistes que pour la fiction française», juge Vincent Meslet, directeur des programmes, notant «des résultats relativement secoués face à la forte concurrence des chaînes thématiques». Le budget fiction de la chaîne s’élève à 94 millions d’euros, dont 22 pour «Plus belle la vie» son feuilleton-phare quotidien. De 55 fictions par an, la chaîne est passée à 50, le coût moyen d’une production variant de 1,6 à 1,9 million d’euros. Selon M. Meslet, «plutôt que d’importer des fictions venues d’ailleurs, ce
    qui a été le choix de TF1, mais n’est ni celui de France 2, ni de France 3», il serait préférable de s’inspirer des modes de production venus d’ailleurs. La politique fiction de la chaîne passe par «un équilibre entre le monde contemporain et le patrimoine, entre des audiences assurées et des audiences un peu plus risquées». Côté valeurs sûres, Victor Lanoux sera de nouveau «Louis la brocante» dans deux nouveaux épisodes. Mais France 3 mise aussi sur des fictions comme «Ondes de choc» qui rappelle la catastrophe de l’usine AZF, «Les oubliées» sur la disparition de six jeunes femmes, «Autopsy» qui aborde le thème de l’homophobie. Ou encore «Le village français», une série sous l’Occupation. Moins soumise à la tyrannie de l’audimat, la chaîne franco-allemande Arte est déjà bien engagée dans une politique de productions ambitieuse avec un budget d’un peu moins de 19 millions d’euros pour Arte France. Elle s’attache à proposer des «films en résonance avec les enjeux du monde d’aujourd’hui et l’actualité, à privilégier des sujets exigeants peu abordés à la télévision française», explique François Sauvagnargues, directeur de la fiction. Et de citer un projet autour de la sécurité nucléaire, ou encore sur l’assassinat d’Anna Politkovskaïa. Tournage en 2008.