La télévision dans le monde sous influence de la téléréalité et d’Internet

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    La quête de l’âme soeur, le surendettement, la reprise en main musclée d’adolescents à problème sont autant de thèmes au coeur des nouveaux programmes télévisés dans le monde, sous l’influence croisée de la téléréalité et d’Internet, constate-t-on au marché du Mipcom. Cette tendance incite les producteurs à mettre en scène un «naturel» parfois très cru, avec la volonté de montrer les gens «sans fard», expliquent les spécialistes interrogés à ce marché international des programmes audiovisuels. Les hommes de «Conveyor belt of love» («Le tapis roulant de l’amour», Pays-Bas) ont une minute, sur un tapis roulant, pour séduire les belles assises dans un canapé. «Countess wanted» (Allemagne) présente une flopée de candidates à des aristocrates célibataires, désireux de se marier. Et dans «Loveland» (Grande-Bretagne), les participants apprennent à se connaître via leur avatar sur Internet avant de se rencontrer en chair et en os. Tout lâcher pour connaître (quelques jours) une vie radicalement différente: tel est le moteur de «America’s toughest jobs» («Les métiers les plus durs d’Amérique»), où les participants lâchent leur mallette de comptable ou de pharmacien pour devenir bûcheron dans le Grand Nord, pêcheur sur un chalutier, voire toréador. The Wit, une société qui répertorie les nouveaux programmes et qui présentait sa sélection au Mipcom, le marché des contenus audiovisuels, a également relevé plusieurs émissions ayant pour tâche de remettre sur le droit chemin des jeunes en difficulté, le plus souvent avec des méthodes musclées. «World’s strictest parents» («Les parents les plus sévères du monde», Grande-Bretagne) envoient des adolescents en conflit avec leurs parents passer 15 jours dans des familles «traditionnelles» en Alabama, au Ghana ou en Inde. Dans «Banged up» («Foutu en taule», GB), dix petits délinquants, là aussi adolescents, vont dix jours en prison, accompagnés par d’anciens détenus réinsérés dans la vie civile. Le but? Leur faire prendre conscience de ce qu’est la vie entre quatre murs. La crise économique et le surendettement des ménages a inspiré des créateurs de jeux aux Etats-Unis. En janvier sera lancé «Desperate measures»: le candidat, surendetté, doit répondre à 15 questions pour gagner de l’argent lui permettant de rembourser ses créanciers. S’il se trompe, il demande à l’un de ses proches de se plier à une épreuve, qui va de manger de la nourriture pour chien à recevoir une décharge de Taser … Autre tendance dans les programmes de rentrée, soulignée par l’étude NOTA, la célébration du naturel, «des gens comme ils sont, sans filtre», selon les mots de Pascal Josèphe, président du cabinet d’étude IMCA qui a coréalisé cette enquête avec Médiamétrie. «Embarrassing bodies», un documentaire britannique, évoque sans tabou, images à l’appui, le corps humain dans toutes ses imperfections. «Il y a une accoutumance du grand public au web et à sa crudité», sans oublier «l’influence de la télé-réalité» sur l’ensemble de la télévision, soulignait récemment Pascal Josèphe. Les chaînes de télévision veulent récupérer les jeunes qui vont sur Internet et elles adaptent donc les codes classiques du web: les protagonistes ressemblent au téléspectateur, le rythme est effréné et la mécanique de certains jeux va très loin dans la crudité, voire le sadisme. Les jeux japonais s’exportent dans le monde entier. Reste à savoir si le format de «Men cram school for laughters» arrivera en France. Une des épreuves demande aux candidats de retirer un T-shirt d’une marmite d’eau bouillante et de le revêtir, sous les hurlements des membres de leur équipe.