La Société des Lecteurs du «Monde» (SLM), actionnaire du journal, a jugé dimanche «inacceptable» l’intervention du président Nicolas Sarkozy auprès du directeur du «Monde» sur le choix d’un éventuel repreneur. «Dans n’importe quelle grande démocratie, une telle intervention serait inacceptable», affirme un communiqué de la SLM.Selon la rédaction du «Monde», l’offre de reprise du groupe par le trio Niel-Pigasse-Bergé a été critiquée par le président Sarkozy lors d’un entretien avec le patron du «Monde» Eric Fottorino, dont la teneur a été divulguée jeudi. «La tradition funeste d’un état omnipotent, jacobin et colonial n’appartient en rien à un état moderne», poursuit la SLM. «La Société des Lecteurs réaffirme, en conformité avec les principes qui la sous-tendent depuis sa création, son attachement à une valeur non négociable: l’indépendance du Groupe «Le Monde» à l’égard de tous les pouvoirs, de tous les intérêts économiques et financiers susceptibles d’altérer l’indépendance et la qualité de l’information dans les publications du Groupe». M. Sarkozy aurait évoqué le risque que «Le Monde» ne puisse bénéficier du soutien de l’Etat ou de garantie publique pour la modernisation de son imprimerie qui nécessite d’importants investissements. La SLM «entend que l’Etat soit impartial dans ses aides à la modernisation des imprimeries». «Seuls les actionnaires et, en l’occurrence le conseil de surveillance du «Monde», sont habilités à se prononcer sur ce dossier», a rappelé la SLM qui fait partie d’un bloc d’actionnaires «partenaires» représentant 48% du capital du groupe.