«La Reine morte»: le chef d’oeuvre de Montherlant dépoussiéré pour la TV

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    Avec «La Reine morte», Pierre Boutron signe une splendide adaptation télévisée de la pièce de Henry de Montherlant, où Michel Aumont campe un cruel et déchirant Ferrante, roi du Portugal, qui va sacrifier l’amour de son fils à la raison d’Etat. Arrivée au galop dans la cour d’un château, une jeune femme tremblante de fureur descend de son cheval et réclame à grands cris un entretien avec le roi du Portugal. C’est la jeune infante de Navarre, venue de son pays pour s’unir au prince, Pedro. Mais ce dernier lui a dit qu’il ne pouvait l’épouser car il en aime une autre, Ines de Castro.Le ton est donné dès la première scène. Adapté d’une pièce de théâtre, le film utilise au mieux, et sans que cela paraisse artificiel, la liberté offerte par la caméra: scènes à l’extérieur, fuite des personnages dans les couloirs du palais, mouvements des robes, des chevelures de l’infante ou d’Inès… L’histoire se déroule sans temps mort, jusqu’à la fin, évidemment tragique. Michel Aumont incarne un Ferrante fascinant, monarque tout puissant déçu par son fils qui refuse de sacrifier son bonheur au pouvoir, puis déstabilisé par une jeune femme, Inès, éperdue d’amour. Le reste de la distribution (Thomas Jouannet, Astrid Berges-Frisbey, Gaëlle Bona…) est à l’unisson. «La Reine morte» de Montherlant est inspirée de l’histoire vraie de l’assassinat d’Inès par don Ferrante, furieux de son mariage secret avec son fils. La légende dit qu’après la mort de son père, le prince devenu roi déterra le cadavre de sa bien-aimée et obligea les grands du royaume à lui baiser la main.