La réforme de France TV suscite des sentiments mêlés chez ses consoeurs européennes

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    La réforme de France Télévisions suscite dans les autres télévisions publiques européennes un mélange d’intérêt, de surprise sur la rapidité du processus, et de scepticisme sur la nomination du futur président par l’exécutif. La suppression de la publicité sur France Télévisions, à partir de janvier 2009 après 20 heures, intéresse tout particulièrement l’Espagne et l’Italie, où le débat existe également. A la télévision espagnole TVE, la publicité va diminuer d’ici à 2010, passant de 12 à 9′ par heure. «La France est allée loin, c’est une réforme rapide qui semble radicale», estime le directeur général de TVE Javier Pons Tubio, interrogé en marge d’une réunion de dirigeants de chaînes publiques à Arles. «Je pense que la perte des recettes publicitaires va poser problème», assure M. Pons, mais «si les taxes sur les télévisions privées sont appliquées, cela peut être une solution de financement intéressante». Deux taxes doivent contribuer en France à la compensation de la suppression de la publicité: une de 3% sur la publicité des chaînes privées et l’autre, de 0,9% sur les services fournis par les opérateurs de télécommunication. Quant à la future nomination du président de France Télévisions par l’exécutif, M. Pons assure: «l’idéal, c’est le système espagnol où le P.-D.G. est choisi par le parlement». La responsable des relations internationales de la RAI, Alessandra Paradisi, note que «si la réforme (sur la suppression de la publicité sur France Télévisions) se passe bien, cela renforcera la position des partisans de la suppression de la publicité» en Italie. Mais la compensation de cette suppression «est encore assez vague» en France, estime-t-elle. «L’avantage d’un financement mixte (redevance et publicité, ndlr), c’est que ça aide à préserver l’indépendance de la chaîne», selon la responsable de la RAI. «Mais l’idée de trouver d’autres solutions de financement est intéressante: on attend les taxes qui doivent être mises en place en France», ajoute-t-elle. A la ZDF, on est avant tout surpris par la nomination du président de France Télévisions. «Une telle proposition est impensable en Allemagne: le public n’accepterait jamais que le chancelier désigne le président de la télévision publique», assure Frank Dieter Freiling, directeur des affaires internationales de la télé publique allemande. En Allemagne, le directeur de la chaîne est élu par une commission composée de 77 personnes représentant la société. Par ailleurs, la publicité sur les chaînes publiques y est autorisée avant 20 heures. «Nous nous battons pour garder un peu de publicité», indique M. Freiling, estimant que «c’est une façon de garder le contact avec la réalité du marché». La réforme en France lui semble «précipitée». Pour sa part, la BBC est uniquement financée par la redevance, «une bonne chose car cela permet de prendre plus de risque créatif», assure Matteo Maggiore, responsable des relations européennes et internationales. En outre, «notre source de financement unique et suffisante a l’avantage d’établir un lien direct avec le public qui sait où va son argent et sent que la BBC lui appartient», ajoute M. Maggiore.