Un abonnement en échange du droit à s’exprimer: la plateforme X, anciennement Twitter, demande désormais à ses nouveaux utilisateurs en Nouvelle-Zélande et aux Philippines une somme pour l’instant modique pour accéder à des services de base, comme la publication de messages. Le réseau social, propriété du milliardaire Elon Musk depuis l’année dernière, a déclaré mardi dans un communiqué que ce changement visait à «renforcer» la politique existante pour réduire les spams (messages non sollicités), ainsi que la «manipulation de [la] plateforme et l’activité des bots», ces logiciels qui effectuent des tâches automatisées.
En septembre, l’entrepreneur avait déjà suggéré que faire payer tous les utilisateurs de X serait le seul moyen de combattre le spam et les robots qui pullulent sur la plateforme de microblogs. Les nouveaux utilisateurs philippins et néo-zélandais devront verser environ 0,75 dollar et 0,85 dollar respectivement chaque année pour accéder aux fonctions basiques du réseau. Ceux qui refuseraient de débourser ces sommes auront accès à la seule fonction «lecture» de la plateforme, c’est-à-dire regarder des vidéos ou suivre des comptes. «Il ne s’agit pas de faire du profit», a insisté la plateforme dans un message distinct. Pour le moment, les usagers déjà inscrits dans les deux pays concernés ne sont pas concernés par ce programme baptisé «Not a Bot» (Pas un robot). «Tout ce que les plateformes peuvent faire pour protéger leurs utilisateurs (…) est un pas dans la bonne direction», a réagi NetSafe, une organisation caritative indépendante pour la sécurité en ligne en Nouvelle-Zélande. «Qu’il s’agisse d’empêcher les comptes automatisés de contacter indirectement des personnes pour les engager dans des conversations nuisibles ou de prendre des mesures pour vérifier l’identité des utilisateurs, ces mesures sont potentiellement utiles pour tenter de réduire les dommages», a détaillé l’organisation. Selon Jonathan de Santos, président de l’Union nationale des journalistes des Philippines, cette mesure risque toutefois d’entraîner une baisse de la participation sur le réseau social. «Nous comprenons que le programme vise à limiter l’utilisation des faux comptes mais il nous semble également que cela revient à faire peser la responsabilité de la lutte contre la désinformation sur les utilisateurs», a-t-il déclaré. Depuis son acquisition de Twitter fin octobre 2022 pour 44 milliards de dollars, Elon Musk a procédé à une série de changements controversés au sein des équipes et dans les produits proposés. Quelques mois après son arrivée, il avait mis en place un abonnement payant pour accéder à des fonctionnalités nouvelles (corriger un message, écrire un texte plus long…) et à d’autres auparavant gratuites (comme la certification des comptes). En devenant payant, X pourrait perdre de l’audience et en conséquence devenir moins attractif pour les annonceurs, selon des experts. Elon Musk a reconnu en juillet qu’elle avait perdu environ la moitié de ses recettes publicitaires. Mais selon d’autres spécialistes, l’armée grandissante de créateurs et d’influenceurs qui gagnent leur vie en ligne pourrait représenter la première clientèle des services payants qui se développent sur les réseaux sociaux. En février, Facebook et Instagram (groupe Meta) ont ainsi lancé leur premier service d’abonnement payant, permettant notamment aux utilisateurs d’obtenir la certification de leur identité. Snapchat avait également lancé en 2022 un abonnement premium payant et TikTok expérimente cet automne dans certains pays un abonnement permettant de supprimer les publicités.