La fracture numérique provoque un rejet des acteurs publics, alerte le Conseil national du Numérique (CNNum)

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Chez les nombreux Français qui se sentent dépassés par le numérique, «la méfiance peut se muer en rejet des acteurs publics», alerte le Conseil national du Numérique (CNNum) dans un rapport cette semaine, en proposant d’organiser des débats partout en France. 

«Comment éviter que chez certains citoyens, la fracture numérique ne conduise à un rejet des acteurs qui le déploient, à commencer par les acteurs publics ?» «La méfiance vis-à-vis du numérique peut se muer en défiance, en rejet, et impacter d’autres dispositifs et d’autres acteurs», commente le CNNum, qui conseille l’exécutif. Ce constat est le fruit de plus de cinquante rencontres organisées en France ces derniers mois par le Conseil. 

«La révolution numérique et ses implications jusque dans nos sphères les plus intimes créent parfois un sentiment d’impuissance. Il ne s’agit pas seulement de la maîtrise d’un outil ou de la réalisation de démarches en ligne. Il s’agit de reconquérir notre autonomie, notre capacité d’agir, notre dignité, d’être en mesure de comprendre les technologies qui nous sont proposées et parfois imposées, de maintenir du lien social et du lien humain», explique le Conseil national du Numérique. Certains se disent «terrifiés» par l’impact des écrans sur leurs enfants, évoquent un sentiment d’addiction ou voient dans l’ordinateur «un monstre qu’il ne faut pas toucher». D’autres craignent d’être espionnés par leur téléphone, voire leur compteur électrique, ou s’insurgent contre un numérique «imposé». «À La-Roche-sur-Yon (Vendée), on peut lire parmi les contributions (…). Le numérique c’est pour eux et c’est un outil de soumission», selon le rapport. 

Ce phénomène, présent dans le mouvement des Gilets jaunes, ne fait que croître, note le Conseil: le Baromètre du numérique 2023, vaste sondage annuel paru en janvier, montsrait que 52% des Français utilisent le numérique sans rencontrer de frein, contre 65% en 2020. Et 54% éprouvent au moins une forme de difficulté dans leurs démarches en ligne, contre 38% l’année précédente. 

Le CNNum préconise donc de multiplier des débats sur le numérique «dans des endroits conviviaux» (mairies, centres sociaux, cafés, places, MJC…) avec les acteurs locaux.