La chroniqueuse Maïa Mazaurette s’est fait une spécialité de parler de sexe sans vulgarité

Plutôt «super orgasme» ou «edging» ? «Circlusion» ou «69» ? La chroniqueuse Maïa Mazaurette s’est fait une spécialité de parler de sexe sans vulgarité, en mêlant érudition et franc-parler, à l’origine de son succès grandissant. Après son essai «Sortir du trou, lever la tête» en 2019, place à «La vulve, la verge et le vibro», «trois mots qui vont bien ensemble» porté par le «V», «une lettre érotique», décrypte Maïa Mazaurette. La très prolifique journaliste – auteure d’une trentaine de publications entre romans, essais ou BD – a concentré une centaine de «mots du sexe», dont une majeure partie tirés d’articles publiés dans «Le Monde», qu’elle décortique finement, étymologie et histoire comprises, toujours avec humour. Sa plume tapait déjà dans l’oeil des lecteurs des magazine «GQ», «Usbek & Rica» ou du journal «Le Monde» avec ses chroniques dominicales décalées et documentées. L’année 2020 aura été celle de la révélation Mazaurette, permettant d’associer un visage et une voix à une signature, la chroniqueuse officiant désormais dans l’émission «Quotidien» sur TMC et «La Bande Originale» sur France Inter. Sa prouesse? Parler de sexe sans tabou, en s’adressant à tous, adultes comme enfants et ados, qui depuis peu lui adressent aussi leurs questions sur TMC. Sa méthode ? «On peut se permettre de parler de sexe de manière universelle si on peut avoir des données qui prouvent ce qu’on raconte», explique la journaliste. «Pas de témoignages», précise-t-elle, mais plutôt des études statistiques et enquêtes pour étayer ses propos. A l’écran, elle y adjoint ses talents d’illustratrice pour les plus jeunes. Aux thématiques en marge comme sadomasochisme et fétichisme, elle préfère traiter les questions de sexualité au quotidien comme l’effritement de la libido, le sexe durant la ménopause, après un retour de couches ou entre jeunes retraités.Mais parler sexe, c’est d’abord lever des barrières. «J’entends souvent des personnes me dire, «mais on ne peut pas en parler»», entre autres «parce que c’est indicible, ça dépend des gens, c’est personnel», mais «pas du tout, c’est politique», réagit la quadra.Le sujet est «tellement intime» que l’«on va tout de suite dans l’extrême», expose la journaliste, destinataire aussi bien de «menaces de mort», «de viol» que de déclarations d’amour. Ce statut de «sexperte» médiatique, Maïa Mazaurette ne l’a «jamais vu venir, tout simplement parce que personne ne voulait faire ce job, il y a 15 ans».

Entrée dans le journalisme il y a 20 ans, d’abord comme «camerawoman» pour France 3, elle bifurque ensuite vers le web, les magazines culturels, féminins et surtout masculins – «Playboy» et «Newlook» – qui lui donnent sa chance. «La sexualité m’a toujours intéressé parce que le genre m’a toujours intéressé», déclare celle qui s’est forgée très tôt sa culture en la matière en dévorant des ouvrages chez ses parents – «deux féministes» – comme chez l’un de leurs amis, sexologue. Enfant puis ado, elle bute en milieu scolaire sur «les normes de genre»: «je ne voulais absolument pas devenir une femme parce que je voyais ce qui m’attendait», «on restreignait mes libertés», or «je voulais être une aventurière». Militer dans une association féministe dès 16 ans débloque son horizon. «C’était ça ou mourir un peu à l’intérieur», relate l’autrice qui vit pour «multiplier les expériences». La prochaine: parler «des corps des hommes comme objets érotiques», cette fois en usant de ses pinceaux pour les coucher sur toile. «Si les hommes savaient comment se rendre désirables (…) alors ils n’auraient aucun besoin de harceler les femmes», estime-t-elle, «on irait vers eux».