La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a dévoilé un projet visant à transformer en profondeur les antennes régionales de France 3, pour en faire des chaînes à dominante locale. Actuellement, les antennes régionales de France 3 ne diffusent que quelques heures par jour de programmes spécifiques (surtout d’info), via des décrochages locaux. A moyen terme, il s’agit d’adopter un nouveau modèle dans lequel la part des programmes régionaux dépassera nettement la part de programmes nationaux. Entretien avec Laurence MAYERFELD, Directrice du réseau régional de France 3.
MEDIA +
France Télévisions veut renforcer la dimension locale de France 3. De quelle manière ?
LAURENCE MAYERFELD
D’ici 2022, nous nous sommes donné un cap. Celui de créer 13 chaînes régionales à décrochages nationaux. C’est-à-dire l’inverse du système dans lequel nous sommes avec une chaîne nationale à décrochages régionaux.
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L’intégralité du système doit-il être remis en cause ?
LAURENCE MAYERFELD
Oui, il faut le repenser. Nous le faisons main dans la main avec les salariés de France Télévisions et les organisations syndicales qui sont à l’écoute de l’évolution du secteur. Cela suppose que l’on travaillera naturellement avec de nouveaux outils, sur de nouveaux process et que l’on fera émerger de nouvelles compétences. C’est un très gros chantier que nous avons débuté en janvier 2020. Courant avril, l’ensemble des directions organisera, sur chacune des antennes, des ateliers de travail pour faire émerger des propositions autour de 4 axes thématiques.
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La part des programmes régionaux de France 3 va donc dépasser nettement la part de programmes nationaux ?
LAURENCE MAYERFELD
Absolument ! Mais cela ne va pas se faire du jour au lendemain. La transformation de 13 chaînes à dominante locale va s’accomplir au rythme de chacune des régions. Ces dernières ne sont pas égales en taille, ni en moyen, ni en nombre d’antennes. Nous effectuons donc un travail avec Takis Candilis et l’ensemble des services transversaux, pour proposer une grille en septembre qui verrouillera les cases nationales.
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Quelles seront les cases nationales conservées ?
LAURENCE MAYERFELD
Il est évident que l’on ne touche ni à l’info nationale, ni aux cases de fictions. En aucun cas la régionalisation de France 3 ne signifiera l’appauvrissement de l’audience. Cela suppose que chaque nouvelle émission proposée en région sera positionnée sur une case où elle ciblera un public avec une vraie chance de le rencontrer.
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Créer des chaînes locales avec des décrochages nationaux va-t-il impacter le budget ?
LAURENCE MAYERFELD
Quand les régions vont récupérer des cases financées par l’antenne nationale, ce financement reviendra dans un pot commun pour les régions. Cette manne financière va donc aider à financer les programmes régionaux.
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Des rapprochements supplémentaires avec le réseau local de France Bleu sont-ils à prévoir ?
LAURENCE MAYERFELD
Je souhaite que l’on développe d’autres synergies avec France Bleu. Sur les régions, il faut créer une offre numérique commune. Il arrive fréquemment que les équipes de France 3 travaillent avec celles de France Bleu autour de productions. Il faut que l’on construise un éditorial commun. C’est dans l’intérêt des 2 médias. Ça prendra un peu de temps mais je suis optimiste, d’autant qu’avec France Bleu, nous avons le projet déjà bien entamé de retransmettre 44 matinales sur France 3. A ce jour, 6 sont déjà en place. Les 38 restantes seront installées d’ici 2022.
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Comment expliquez-vous le regain d’intérêt pour la télévision locale ?
LAURENCE MAYERFELD
Il y a eu indéniablement le phénomène des gilets jaunes. On a assisté à une demande de paroles sur des territoires et citoyens invisibles. Cela signifie nécessairement qu’il faut que l’on s’y penche. Ensuite, nous allons vers un monde où il y a d’un côté de grandes plateformes mondialisées et de l’autre, une quête de proximité avec des contenus locaux. On espère d’ailleurs que la nouvelle loi audiovisuelle autorisera la géolocalisation des box pour proposer la bonne antenne régionalisée, à la bonne personne.
