L. GARAUDE (MIPCOM) : «L’industrie mondiale des contenus s’achemine vers de nouveaux paradigmes»

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Du 15 au 18 octobre, la ville de Cannes accueillera le MIPCOM 2018, l’un des marchés le plus attendu de l’année pour les professionnels de l’audiovisuel et les acteurs de la distribution. Entretien avec Laurine GARAUDE, Directrice de la Division TV du Reed Midem.

média+ : La Chine est à l’honneur du MIPCOM 2018. Pourquoi ce choix ?

Laurine GARAUDE : Cela fait un moment que nous en parlons. La Chine est un pays qui devient important en termes de création de contenus, tant au niveau des chaînes que des plateformes en ligne. Ce territoire gigantesque a un rôle primordial dans l’innovation technologique. Leur intérêt de venir au MIPCOM est de montrer toute la richesse des contenus chinois, initier des coproductions et exporter à l’international. Selon un rapport du IHS Markit, la Chine a dépensé 10,9 milliards de dollars en programmation télévisuelle en 2017 (contre 10 milliards de dollars pour le Royaume-Uni, ndlr). Les télédiffuseurs ont déboursé 6,4 milliards de dollars tandis que les géants Baidu, Alibaba, et Tencent ont investi 4,5 milliards de dollars pour proposer des programmes sur leurs plateformes de divertissement en ligne.

Sous quels auspices préparez-vous ce MIPCOM ?

Notre attention est focalisée sur «The Big Shift: Transitioning To A Reshaped Media Landscape». Il y a beaucoup à apprendre, échanger et comprendre sur ces chamboulements dans l’industrie qui sont en réalité des opportunités. L’industrie mondiale des contenus s’achemine vers de nouveaux paradigmes. Le moment est venu d’inventer de nouveaux «business models», de mettre en place de nouvelles règles et de participer à une refondation de l’ensemble de l’écosystème du divertissement et des médias. Rappelons que le MIPCOM a accueilli l’année dernière, 13.800 participants, 4.700 sociétés exposantes, 4.700 acheteurs dont 1.760 plateformes digitales et VOD, venant de 110 pays. On attend des chiffres tout aussi élevés cette année. Issa Rae, créatrice, showrunner et star de la série «Insecure», l’une des séries phares de HBO, est nommée Personnalité de l’année du MIPCOM 2018.

Quels sont les nouveaux territoires qui s’exposent au MIPCOM ?

Il y a une grosse présence dans la Russie. On note aussi l’arrivée de nouveaux pavillons indiens, thaïlandais, romains, marocains mais aussi venant des Émirats arabes unis.

L’internationalisation des contenus n’est pas un phénomène nouveau…

On observe une accélération de la tendance. Ce qui est nouveau, c’est la masse de contenus produits localement – souvent dans des langues étrangères – qui sont à disposition du marché international. La série espagnole «La Casa de Papel» par exemple a pris un virage international impressionnant. Cette année, nous lançons le «Production Funding Forum», un tout nouveau programme pour aider les créateurs et les producteurs à trouver des financements pour leurs projets. Une opportunité pour les investisseurs de trouver de nouveaux business models.

Avec le mouvement «Me Too», constatez-vous une évolution des mentalités dans le cadre du MIPCOM ?

L’évolution des mentalités se traduit surtout dans le travail, les carrières des femmes et dans les contenus. Les sujets abordés à la télévision sont beaucoup plus engagés. Mais la place des femmes a toujours été importante au MIPCOM. Cela fait 7 ans que nous organisons un déjeuner «Woman In Global Entertainment Power Lunch» où se retrouvent quelques-unes des femmes les plus influentes de l’industrie de la télévision et de l’Entertainment.