Radio France accélère sa stratégie de développements sur le numérique à travers la mise en place de contenus, accessibles à tous. Que faut-il retenir des ambitions du groupe public dans ce domaine ? Entretien avec Laurent FRISCH, Directeur du numérique et de la production à Radio France.
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Comment résumer au mieux les ambitions de Radio France sur le numérique?
Laurent FRISCH
Nous souhaitons être le leader de l’audio en France. Pour cela, nous devons effacer la frontière entre radio linéaire et podcast, deux facettes d’une même réalité. En cela, nous devons continuer à développer l’application Radio France, et déployer un algorithme de service public qui n’obéit pas à la règle ou à la dictature du clic. On cherche à susciter la surprise et la découverte.
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Effacer les frontières entre radio linéaire et podcasts, est-ce jouable ?
Laurent FRISCH
C’est ce que nous commençons à faire dans l’application Radio France. Nous pouvons déjà basculer du direct à la réécoute. Nous donnerons la possibilité de mettre en pause le direct, puis de revenir au début. Il sera même possible de débuter un podcast alors que l’émission est encore en diffusion.
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Comptez-vous réinventer la chronologie des médias dans l’audio ?
Laurent FRISCH
L’offre de Radio France avec l’application nous permet de proposer l’intégralité de notre catalogue. On ne supprimera plus aucun podcast et ils resteront disponibles indéfiniment. D’autre part, on cherchait à faire rayonner notre offre sur d’autres plateformes à travers des agrégateurs de podcasts avec lesquels nous comptons contractualiser. Nos podcasts quotidiens seront mis à disposition 1 semaine sur ces agrégateurs, et 1 mois pour les programmes hebdomadaires. Nous faisons également en sorte que nos partenaires soient, comme nous, engagés pour une juste reconnaissance de la valeur des programmes et une juste rémunération des ayant-droits. C’est sur ces bases que nous avons notamment conclu un premier accord avec Deezer.
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Jusqu’où pouvez-vous aller dans la distribution numérique ?
Laurent FRISCH
Il y a 10 ans, l’audio en ligne n’était pas un usage. Mais les 5 dernières années, ça a explosé. Nous avons multiplié par 3,5 le nombre d’écoute des podcasts. La consommation touche tout le monde. En tant que 1er groupe de radio et 1er producteur de podcasts, nous sommes les mieux placés pour être à l’avant-garde de ce marché qui est en train de se structurer. Ça nous oblige à imaginer les conditions d’un équilibre entre des plateformes du web et notre dynamique de production et de diffusion de programmes. Avec cette double obsession : parler à un large public et créer les moyens d’entretenir notre création. Nous avons déjà lancé 40 séries de podcasts natifs en 2 ans. On a quelques gros succès d’audience comme le programme pour enfants «Oli», «Mécaniques du Complotisme», ou «Le Flash Eco» de franceinfo qui a trouvé son public sur les enceintes connectées.
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Comment tirer son épingle du jeu parmi la profusion de podcasts disponibles?
Laurent FRISCH
Quand on va sur n’importe quel agrégateur, tout est noyé et rien n’est réellement hiérarchisé. Avec l’application Radio France, nous avons le goût et la vocation de développer notre souveraineté éditoriale sur le numérique. En deux ans, nous avons doublé la part d’écoute sur nos propres supports et nous souhaitons atteindre 50% de nos écoutes sur nos supports. Nous avons un public auprès duquel nous avons la capacité de faire des nouvelles propositions éditoriales, ce qui n’est pas le cas sur des agrégateurs construits autour d’algorithmes. Concernant le public qui ne vient pas sur les plateformes de podcasts, on veut lui faire découvrir notre offre, là où il est aujourd’hui : Facebook, YouTube, Instagram. Nous devons inventer une mise en images pour occuper ces terrains et leur donner envie de venir nous écouter et découvrir toute la richesse et la variété de nos contenus : des programmes pour tous les goûts et toutes les générations.
