Kung-fu et Karl Marx : Joey Starr brille dans «Machine» d’Arte 

Joey Starr, moitié de NTM, en ouvrier fondu de Karl Marx, mentor d’une intérimaire qui brise les rotules du patriarcat en mode kung-fu: voici «Machine», diffusée sur Arte et présentée en avant-première à Séries Mania à Lille. «Un film avec du kung-fu, Karl Marx et du vélo, j’ai dit oui», déroule le rappeur devenu acteur au CV charpenté côté cinéma et séries. «Dire que mon père me disait que je ne ferais jamais rien…» Dans une usine d’électroménager de province, en plein conflit social, l’ouvrier cabossé par la vie qu’il incarne cite en rafales «Le capital», y compris lors de balades initiatiques à vélo. «Le cycle ? J’en ai fait plus jeune jusqu’à un haut niveau mais ils n’ont pas voulu de moi dans le peloton», s’amuse-t-il devant la presse lors d’un rendez-vous parisien avec une partie de l’équipe de la série. Soit six épisodes de 48 minutes, sur la plateforme d’Arte à partir du 4 avril, sur la chaîne les 11 et 18 avril. Karl Marx, le quinquagénaire l’a lu pour l’occasion «en manga», format qu’il a offert à ses fils. Le sous-texte politique de la fiction lui parle. «Je viens d’un milieu populaire, je suis né dans une commune (longtemps) communiste, j’ai connu les jardins ouvriers, on a parlé avec le réalisateur de Henri Krasucki (figure de la CGT des années 1980)». Son personnage attachant est malheureusement sous-exploité, la faute à un ressort narratif qu’on ne dévoilera pas. Autre accroc, la B.O. baigne dans les années 1990/2000 mais pas de chanson de NTM à l’horizon, pour une question de droits qui ride le front de JoeyStarr. Le rôle principal revient à Margot Bancilhon, prix d’interprétation à Séries Mania 2023, vue récemment dans la robe d’une avocate d’une autre série d’Arte, «De grâce», située dans le milieu des dockers. 

Rousseau, Nietzsche : Dans «Machine», autre dress-code: dreadlocks de la créature du premier «Predator» et combinaison jaune, écho à celle d’Uma Thurman dans «Kill Bill» et de Bruce Lee dans «Le jeu de la mort». Son personnage économe en paroles, au passé dévoilé en flash-back, a un côté nouveau shérif en ville tendance Clint Eastwood. Alors que le sport s’est longtemps résumé pour elle à l’équitation, la comédienne a «découvert» qu’elle était «sportive». «Mon corps a tenu, je me suis préparée avant avec un coach de boxe thaï car c’est assez complet, mais j’ai vraiment fait du sport sur le tournage». Régime haltères entre les prises: «à la fin j’avais vraiment des épaules, on aurait dû tourner les scènes en brassière à ce moment-là (rires)». «Karl Marx, c’est génial mais, pour intéresser les gens, c’est mieux d’avoir une jeune femme avec des dreadlocks qui casse la gueule à des skinheads ou aux méchants en général», synthétise Fred Grivois, le réalisateur. Qui a d’abord tenté de vendre son script aux plateformes: «On m’a répondu: +on n’est pas trop communiste+…» Le cinéaste s’est attaché à des figures atypiques, comme cet ouvrier handicapé qui débite des insanités. Ses méchants sont moins convaincants. Le dernier épisode s’achève sur la possibilité d’une suite. Fred Grivois fourmille d’idées. Une éventuelle saison 2 verrait cette «Machine» – de guerre pour ses ennemis – aider les migrants à Calais, sous les auspices de Jean- Jacques Rousseau, période «Du contrat social». Friedrich Nietzsche planerait sur une saison 3.