Les médias en ligne tchadiens les plus lus observent une «journée sans presse» samedi, journée d’ouverture de campagne électorale au Tchad, pour protester contre une récente décision de la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA) d’interdire la diffusion et la production de contenus audiovisuels.
Un total de 40 sites, dont Tchad infos, Alwihda infos, Ndjamena post ou Tribune Echos ont stoppé toute diffusion à l’appel lancé par l’Association de médias électroniques du Tchad (AMET) pour dénoncer «une menace pour la liberté de la presse et le droit à l’information».
Ce mouvement de protestation coïncide avec le lancement de la campagne pour les élections communales et législatives prévues le 29 décembre malgré le boycott des partis d’opposition, dans un contexte de tensions croissantes entre le pouvoir et les médias privés.
Le 4 décembre dernier, le président de la HAMA a interdit la production de contenus audiovisuels par les médias en ligne qui ne feraient pas de demande d’autorisation en ce sens, les menaçant à défaut de les retirer de la liste des médias en règle.
Cette mesure a été qualifiée d’«illégale et arbitraire» par l’AMET, selon laquelle «les lois régissant les médias en ligne au Tchad ne contiennent aucune disposition interdisant la production de contenus audiovisuels». La journée sans presse vise à «alerter l’opinion nationale et internationale sur la gravité de la situation», a précisé le Président de l’AMET, Bello Bakary Mana. Les dernières législatives au Tchad remontent à 2011.
L’Assemblée nationale aurait dû être renouvelée en 2015, mais a été prolongée par une loi constitutionnelle, avec des reports successifs motivés par la menace jihadiste, par des difficultés financières, par la pandémie de Covid-19 et enfin par le putsch militaire qui a porté au pouvoir le général Mahamat Idriss Déby Itno, ensuite légitimé par une élection présidentielle contestée en mai dernier.
Le chef de l’Etat a appelé samedi la population à «participer activement» au vote.
«Je voudrais adresser mes mots d’encouragement à tous les candidats et partis politiques impliqués dans cet exercice démocratique.
Que cette période soit remplie de l’esprit de respect, du dialogue constructif et de responsabilité», a-t-il dit dans un message sur sa page Facebook officielle Les partis d’opposition refusent de participer au scrutin selon eux joué d’avance qui va «légaliser la fraude et la suspension des libertés publiques et politiques» dans ce pays du Sahel.