Longtemps cantonné aux seconds rôles, à 40 ans, Jonathan Cohen tient désormais le haut de l’affiche au cinéma comme à la télévision, où cet hyperactif surdoué de l’improvisation enchaîne les rôles comiques dans lesquels il excelle. On l’a vu ces derniers mois en commandant de gendarmerie benêt aux côtés de Catherine Deneuve dans «Terrible Jungle», en futur papa aux côtés de Marina Foïs dans «Énorme», jouant son propre rôle dans «Tout simplement noir», avec Gérard Darmon dans la saison deux de «Family Business» sur Netflix et à partir de lundi sur Canal+ dans la série «La Flamme». «2020 c’est l’année du Covid et c’est celle de Jonathan Cohen», plaisante Florent Bernard, son coscénariste sur «La Flamme», qui parodie l’émission de téléréalité «Bachelor», présentée en ouverture du festival Canneséries. Rien ne prédestinait ce Parisien qui a grandi à Pantin en Seine-Saint-Denis au métier d’acteur. Après avoir raté son bac, il devient vendeur, notamment de fenêtres. Puis «mon meilleur ami Olivier Rosemberg m’a un jour invité à un de ses cours de théâtre. Je l’ai suivi, j’ai vu le truc et j’ai pété un câble, j’ai démissionné de mon taf et je me suis jeté à corps perdu dans le métier», raconte-t-il. Il prend des cours de théâtre et est reçu au Conservatoire national supérieur d’art dramatique en 2003. Il décroche trois ans plus tard son premier rôle au cinéma, dans la comédie de Lisa Azuelos «Comme t’y es belle». Depuis, en 15 ans de carrière, il a joué dans une trentaine de films, principalement des comédies, et une dizaine de séries parmi lesquelles «Hero Corp» et surtout «Serge le mytho», série courte qui l’a fait connaître du grand public, diffusée sur Canal+ et Youtube. Entre cinéma et télévision, «je n’ai jamais rien privilégié, ce que je privilégie ce sont les envies», estime l’acteur, qui assure ne pas avoir «de plan de carrière». «Là, il y a un sillon sur ce type de comédies que j’ai envie de creuser», explique-t-il parlant de «La Flamme», «un type d’humour beaucoup trop rare chez nous», juge ce touche-à-tout qui a également fait du doublage, de la réalisation («La Flamme» et «FranceKbec») et du scénario. Inspiré par des acteurs américains comme Ben Stiller (qui produit la série américaine de laquelle est adaptée «La Flamme»), Jim Carrey, Steve Carell ou Will Ferrell, il se verrait bien un jour «jouer en anglais, juste pour le kif, le défi». Mais ses modèles se trouvent aussi de ce côté de l’Atlantique : «j’adore Jacques Villeret, parce qu’il y a de la poésie, de la comédie, de la tristesse, il y a tout» et aussi «Jean Rochefort ou les comédies d’Yves Robert». «Il y a une tradition de l’imbécile dans la comédie française, l’imbécile fier, l’imbécile attachant, l’imbécile heureux … au final, même si on est très inspirés des Américains, on reste dans le sillon de ce genre de comédie», estime-t-il. Dans sa filmographie, à l’instar de Marc, le pilote de «La Flamme» qui cherche le grand amour parmi plusieurs candidates qui s’affrontent, on retrouve beaucoup de rôles de losers, du mythomane au pote beauf. «Les losers sont des personnages que j’affectionne énormément. C’est ceux qui vivent les choses les plus intensément, qui ont les conflits internes les plus savoureux à jouer. De toute façon, un winner est un loser qui se maquille», plaisante-t-il. Dans l’équipe de «La Flamme», Jonathan Cohen fait l’unanimité : Doria Tillier loue «sa générosité», Camille Chamoux son «intensité qui ne faiblit jamais», Vincent Dedienne estime que «son attention aux autres est spectaculaire», Céline Sallette qu’il est «drôle 99% du temps» et son coauteur Jérémie Galan trouve que «c’est un énorme génie en impro». «Je suis fan, je suis fascinée par autant d’humanité et de générosité. C’est quelqu’un qui est naturellement lumineux», s’enthousiasme Adèle Exarchopoulos.Parmi ses nombreux projets, une saison 2 pour «La Flamme», un long métrage «Serge le Mytho» (mis à l’arrêt par des emplois du temps «un peu chargés») et pourquoi pas du one-man-show qu’il «adorerait tester».