Jeu vidéo: le studio français Don’t Nod, en difficulté financière, envisage de se séparer de 69 employés

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Le studio de jeux vidéo français Don’t Nod, dans une mauvaise passe financière, envisage de se séparer de 69 employés en France dans le cadre d’un projet de réorganisation, a-t-il annoncé mercredi dans un communiqué.

Le groupe, également présent à Montréal, a expliqué se retrouver «contraint de devoir envisager un projet de réorganisation, afin notamment de sauvegarder sa compétitivité», ajoutant que ce projet allait affecter «les effectifs de Don’t Nod en France» et pourrait «concerner jusqu’à 69 emplois», soit un peu plus de 20% de ses effectifs totaux. «Un éventuel plan de départs volontaires» pourrait être envisagé en cas d’adoption du projet, «après discussion avec les partenaires sociaux», a-t-il précisé.

Fin septembre, le Président Directeur Général du studio, Oskar Guilbert, s’était dit «déçu» des performances financières de l’entreprise lors du premier semestre, avec un chiffre d’affaires en recul de près de 30% à 1,87 million d’euros. «Malgré un excellent accueil critique, «Jusant» et «Banishers: Ghosts of new Eden» n’ont malheureusement pas obtenu le résultat commercial escompté», avait-il déploré, indiquant désormais «étudier toutes les options possibles concernant notre feuille de route». Don’t Nod avait notamment annoncé «mettre temporairement en pause deux projets» pour concentrer ses efforts sur les titres à venir «offrant le plus fort potentiel de retour sur investissement». Fondé en 2008, notamment par l’actuel PDG et l’écrivain Alain Damasio, Don’t Nod est rapidement devenu l’un des principaux acteurs du jeu vidéo en France, se faisant le champion des jeux plus narratifs et engagés. Mais il n’a jamais réussi à reproduire le succès de «Life is Strange» (2015) et enchaîne depuis quelques années des sorties en demi-teinte. Depuis son introduction en Bourse en 2018, le titre a perdu plus de 93% de sa valeur, avoisinant désormais les 1,5 euro.

Mercredi, il avait demandé la suspension de sa cotation dans l’attente de son communiqué. Actionnaire principal, le géant de la Tech chinois Tencent détient plus de 40% de l’entreprise. Cette annonce survient alors qu’un autre géant du jeu vidéo, Ubisoft, est également malmené sur les marchés, son action s’étant effondrée de plus de 40% depuis le début de l’année. Début octobre, l’agence Bloomberg faisait aussi état d’un possible rachat d’actions par le géant chinois de la tech Tencent, qui possède déjà près de 10% de l’entreprise, et la famille Guillemot, actionnaire principal du groupe, pour sortir le groupe de la Bourse.

Depuis près de deux ans, l’industrie du jeu vidéo fait face à une crise mondialisée, marquée par une baisse des investissements et une croissance qui ralentit. Selon le décompte tenu par le site Game Industry Layoffs, au moins 13.000 professionnels du secteur ont été licenciés dans le monde depuis le début de l’année, soit plus que pour toute l’année 2023 (environ 10.500).