La décision du «Journal du Dimanche» de ne pas publier un article révélant que Cécilia Sarkozy n’avait pas voté le 6 mai a suscité lundi les critiques de plusieurs syndicats de journalistes, qui ont dénoncé une «censure», et de Reporters sans frontières. Les journalistes du SNJ-CGT et de l’USJ-CFDT du groupe Hachette-Lagardère, propriétaire du «JDD», ont dénoncé une «nouvelle ingérence de la direction du groupe Lagardère». «Après «Paris Match», qui a été supervisé par les services du candidat de l’UMP pendant toute la campagne présidentielle, (…) c’est au tour du «Journal du Dimanche» de se voir censuré par la direction du groupe Lagardère pour plaire au nouveau président élu, à moins que ce ne soit sur son ordre», lit-on dans leur communiqué. Le Syndicat National des Journalistes (SNJ), premier syndicat de la profession, a condamné «cet acte de censure et apporté son soutien à ses confrères du «JDD». Il appuie toutes les actions que ses sections du groupe Hachette-Lagardère vont mener et appelle l’ensemble des rédactions à s’opposer publiquement à toute autre tentative de remplacer le devoir d’informer par la volonté de plaire». Dénonçant aussi «la censure chez Lagardère», la CFDT a apporté son soutien «sans réserve» à l’ensemble des salariés du groupe estimant que «les journalistes d’Hachette-Lagardère étaient une nouvelle fois témoins et victimes d’une atteinte à la liberté d’expression». Quant à l’organisation de défense de la presse, Reporters sans frontières (RSF), elle a exprimé «sa préoccupation» et appelé à «la vigilance». Elle estime que «le respect de la vie privée est une notion essentielle, mais (que) celle-ci ne doit, en aucun cas, être utilisée pour dissimuler des informations qui, à n’en pas douter, relèvent de l’intérêt général». «Nous avons tous en tête le précédent de l’éviction d’Alain Genestar de la direction du magazine Paris Match, également propriété du groupe Lagardère, à la suite de la publication, en août 2005, d’une photographie de Cécilia Sarkozy avec son compagnon de l’époque», poursuit RSF. «Etant donnés les liens d’amitié entre Nicolas Sarkozy et plusieurs propriétaires de groupes de presse, RSF sera extrêmement vigilante en ce début de quinquennat et dénoncera tout ce qui pourrait s’apparenter à des pressions des pouvoirs publics», avertit l’organisation. Dimanche soir, le directeur de la rédaction du «JDD», Jacques Espérandieu a déclaré avoir pris seul, «en son âme et conscience», la décision de ne pas publier cette information, jugeant qu’elle relevait de la «sphère privée», faisant valoir que «le vote est une affaire personnelle». De son côté, Franck Louvrier, le chargé de communication de Nicolas Sarkozy, a démenti toute intervention de membres de l’entourage du président élu, comme l’affirmait Rue89, le site d’information ayant révélé l’affaire.