La saga James Bond, l’une des plus mythiques et lucratives de l’histoire du cinéma, vient de passer sous le contrôle créatif du géant Amazon. Décryptage en 007 points d’un phénomène culturel planétaire.
– Héros de papier : James Bond est d’abord un héros de romans, vendus à plus de soixante millions d’exemplaires dans le monde. L’espion est né il y a sept décennies sous la plume du Britannique Ian Fleming, un journaliste qui s’est nourri de son expérience d’espion de Sa Majesté pendant la guerre. Le premier roman des aventures de 007, «Casino Royale», paraît en 1953. Suivront onze autres, dont «Goldfinger», «Dr No» ou encore «Bons Baisers de Russie», ainsi qu’une série de nouvelles, avant sa mort à 56 ans, en 1964. Soit deux ans après la sortie du premier des films, «James Bond contre Dr No».
– Vingt-cinq films : «Au Service de sa Majesté», «Le monde ne suffit pas», «Skyfall» ou encore «Meurs un autre jour»… Chaque génération a eu ses James Bond culte, en tout 25 films qui forment la saga officielle au cinéma. Ils ont jusqu’à présent toujours été produits par les descendants de l’un des producteurs historiques, Albert R. Broccoli. L’annonce jeudi que les studios américains Amazon MGM vont en prendre le contrôle créatif inaugure une ère inédite. Et pleine d’interrogations.
– Gros sous : James Bond est l’une des marques les plus rémunératrices de l’histoire du cinéma, initiée une quinzaine d’années avant «Star Wars». Champion du placement de produits, James Bond est une vitrine prisée des marques de luxe, alcool, voitures et autres montres. Avant la prise de contrôle de jeudi, Amazon avait déjà racheté le mythique studio hollywoodien MGM en 2022, pour 8,45 milliards de dollars, incluant le catalogue des anciens films de James Bond.
– Six interprètes pour Bond : Décédé en 2020, Sean Connery, qui a inauguré le rôle dans «Dr No» et joué dans six des premiers films, reste pour beaucoup le James Bond ultime, mâle alpha, tombeur et misogyne, mû par un irrésistible charisme. Cinq autres acteurs lui ont succédé dans le rôle: George Lazenby, l’unique Australien de la bande, pour un seul film, «Au service secret de Sa Majesté» en 1969, puis Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et Daniel Craig. On est pour l’instant sans nouvelles d’un successeur.
– MI6, 007, Q, M… : Agent secret de Sa Majesté, James Bond travaille pour le MI6, le renseignement extérieur britannique. Le premier «0» de «007» signifie qu’il a le permis de tuer, le deuxième qu’il l’a déjà fait, et le «7» l’identifie au sein du service. M est le chef de Bond. L’actrice Judi Dench a marqué l’histoire en féminisant le rôle, de 1995 («GoldenEye») à 2012. Q est le collègue de Bond chargé de lui fournir les gadgets les plus perfectionnés… Sans oublier Miss Moneypenny, la secrétaire particulière de M, avec laquelle James Bond ne manque pas de flirter.
– «Bond, James Bond» : La saga aurait-elle le même succès sans ses répliques cultes ? Il y a la plus célèbre de toutes, «Bond, James Bond», et la commande de cocktails vodka-martini préparés «au shaker, pas à la cuillère». Il y a aussi toutes celles qui témoignent de l’humour «Bond», mélange de calembours parfois vaseux et de machisme à prendre au 1er ou 2ème degré – selon l’époque. Dont ce 007 déclarant à une «James Bond Girl», «Mademoiselle Anders? Je ne vous avais pas reconnue toute habillée» (dans «L’homme au pistolet d’or», 1974).
– Gadgets : James Bond ne serait rien sans ses méchants, du trafiquant de diamants Goldfinger à l’organisation criminelle SPECTRE, chapeautée par l’infâme Blofeld. Pour les combattre, il a dégainé d’innombrables gadgets, du plus redoutable au plus improbable: cigarettes piégées dans «On ne vit que deux fois», Aston Martin aux plaques d’immatriculation rotatives, éjecteur de clous et siège éjectable, bâton de ski piégé, montre laser…