J. SCHULTE (France tv distribution) : «Il y a un boom des ventes sur les fictions numériques»

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Filiale du groupe France Télévisions, France tv distribution est le partenaire des producteurs et des ayants droit dans la recherche de financement et de préventes de leurs programmes sur tous supports médias. Depuis janvier 2017, France tv distribution accompagne également le cinéma à l’international, tous territoires et tous droits. Tour d’horizon avec Julia SCHULTE, Directrice des Ventes Internationales à France tv distribution.

MEDIA +

En dépit de la crise, comment France tv distribution a-t-elle été impactée ?

JULIA SCHULTE

Après une première phase de réorganisation des équipes en mars dernier pendant le confinement, France tv distribution a pris un nouveau rythme. Nous avons conservé le lien avec tous les acheteurs par téléphone ou par visioconférence. Nos équipes marketing ont pris les devants en essayant d’être innovantes. A ce titre, nous avons présenté aux acheteurs la série «Parlement» avec un Zoom le 23 juin dernier, en compagnie des acteurs, réalisateur, auteurs et producteurs.

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Comment se portent les ventes de programmes audiovisuels ?

JULIA SCHULTE

Assez paradoxalement, nous avons effectué de très bonnes ventes ces dernières semaines. Il y a un boom des fictions numériques, disponibles sur france.tv slash et france.tv, comme «STALK» vendue à la fois en Italie (RaiPlay), en Belgique (Proximus et RTL), en Corée du Sud, en Allemagne ou encore au Canada. La série «Parlement» suscite déjà l’intérêt de plusieurs territoires, tout comme «Derby Girl», bientôt disponible sur france.tv slash, déjà vendue en Allemagne pour BETA. Nous poursuivons la vente de fictions plus classiques comme «Astrid et Raphaëlle», «Capitaine Marleau» et «Alex Hugo». Les collections policières de France Télévisions continuent de performer à l’étranger. «Les petits meurtres d’Agatha Christie» se vendent de plus en plus, même si la marque existe depuis longtemps. En revanche, sur la partie cinématographique, les ventes sont en net recul du fait du confinement et donc de l’arrêt de l’activité.

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Quels sont vos principaux acheteurs ? Les pays européens ?

JULIA SCHULTE

Cela dépend totalement des genres. Pour l’animation, nous vendons aussi bien en Europe qu’en Asie. La fiction s’exporte en Europe et aussi dans tous les marchés anglophones. Et les grands succès de France Télévisions en Prime Time voyagent en Europe, et notamment en Espagne, en Italie et en Allemagne.

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La majorité de vos ventes se font-elles encore sur les chaînes linéaires ?

JULIA SCHULTE

Les séries traditionnelles de France 2 et France 3 s’inscrivent assez naturellement dans les cases «fiction» de chaînes étrangères. Sur le créneau des fictions numériques qui s’adressent à un public plus jeune, ces programmes fortement créatifs intéressent davantage les plateformes et les Pay TV. C’est une vraie opportunité. Nous travaillons beaucoup avec la plateforme Global Series Network qui a un public très éclectique, amateurs de fictions européennes.

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Le tarif des programmes reste-t-il toujours aussi variable ?

JULIA SCHULTE

Oui, ça dépend du type de ventes. Pour un même programme et un même acheteur, les prix peuvent varier en fonction de la date à laquelle il y a un intérêt. Pour des achats simples de fiction, il y a une grille tarifaire. Le prix d’un programme va fluctuer en fonction des intérêts. L’audiovisuel est une industrie de prototype où chaque contenu a sa propre valeur sur le marché.

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Comment évolue le secteur de l’animation française ?

JULIA SCHULTE

L’animation est un genre qui permet aujourd’hui aux plateformes et aux chaînes d’être identifiées auprès des enfants, et de se démarquer vis-à-vis des concurrents. Ça reste l’un des genres les plus importants pour l’export de programmes français. Nous avons la chance d’avoir une qualité de production qui touche, possiblement, le monde entier face à des grands studios. Une série comme «Jean-Michel, Super Caribou», produite par Autour de Minuit (48X11’ + spéciaux 2X22’/44’), a été vendue récemment en l’Allemagne pour Kika et NDR. On la retrouvera également en Espagne pour la Pay TV Canal Panda et en Slovaquie sur la chaîne RTVS. Parmi les autres ventes récentes : «Les Lapins Crétins» saison 3, «La Chouette & Cie» saison 2 et «La Science des Soucis».

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Quel est l’enjeu de la distribution de programmes ? Le métier se transforme-t-il ?

JULIA SCHULTE

Le métier se transforme beaucoup. En tant que distributeur, nous devons aller toujours plus activement à la recherche de projets. Nous sommes totalement impliqués dans le processus de financement des programmes, très en amont. Nous cherchons, avec les producteurs les premières chaînes nécessaires pour lancer un projet. Là où le distributeur trouvait des rémunérations supplémentaires il y a quelques années, il est aujourd’hui impliqué dès le départ dans un projet pour s’assurer de la vente à l’international. Notre prise de risque en tant que distributeur devient de plus en plus forte.