Hier matin, Médiamétrie a présenté «L’Année TV 2019, les défis d’un média innovant». Outre l’évolution du secteur, la mesure d’audience évolue et prend en compte les programmes TV regardés hors domicile et en mobilité. Entretien avec Julien ROSANVALLON, Directeur Exécutif Télévision & Internet de Médiamétrie.
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Comment évolue la mesure d’audience Médiamat en 2020 ?
Julien ROSANVALLON
La mesure va connaître une grande transformation. A partir du 30 mars 2020, nous allons intégrer dans les audiences quotidiennes que l’on publie à 9 heures, la consommation en dehors du domicile et en mobilité. Cette évolution sera très pratique pour mesurer la consommation pendant les vacances, dans les résidences secondaires ou ailleurs. Avec le développement de la 4G et de la 5G, cette consommation en mobilité de la télévision promet de continuer à croître de façon importante. L’audience hors domicile et en mobilité représente un apport annuel de 5% en moyenne (soit 10’ de durée d’écoute supplémentaire). Pour certains types d’évènements, comme les matchs de football, cet apport sera plus important. L’apport sera aussi plus marqué chez certaines cibles plus actives qui se déplacent et voyagent davantage. Enfin, il y aura des variations significatives en fonction des moments de l’année : entre 6 et 8’ d’apport en automne et entre 15 et 20’ d’apport en été.
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La durée d’écoute de la télévision baisse. Pourquoi ?
Julien ROSANVALLON
En France, elle baisse légèrement de 6’ sur un an pour atteindre 3h40/jour et par Français. Cette tendance baissière est un phénomène international beaucoup plus marqué aux États-Unis (-17’ avec 3h45/jour) et en en Angleterre (-9’ avec 3h03). Derrière cette évolution de la consommation de la télévision, on assiste à une profonde mutation. Alors que la consommation en live baisse, on observe une montée en puissance des nouveaux modes de consommation : replay, écrans internet, preview. En 2019, 7,8 millions de Français regardent quotidiennement des programmes en rattrapage, c’est 13% de plus qu’il y a 2 ans. Chaque jour, 4,3 millions de Français regardent des programmes sur un ordinateur, une tablette ou encore un smartphone. Enfin, plus de 2 millions de téléspectateurs ont regardé (en novembre) un programme proposé en preview par les chaînes. Quoi qu’il en soit, l’écran de télévision reste un élément central dans les foyers français. Le temps que l’on y consacre chaque année continue à progresser. La télévision est consommée majoritairement en Access et en Prime. Le pic d’audience est à 21h30 avec 23 millions de Français présents devant leur écran.
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La télévision doit-elle s’inquiéter de la fuite du jeune public vers la SVOD ?
Julien ROSANVALLON
Le développement de la SVOD est une nouvelle concurrence. En revanche, elle ne remet pas en cause fondamentalement la télévision. Les plateformes empruntent aux codes de la télévision. AppleTV+ diffuse – par exemple – un épisode de ses séries par semaine et Disney+ annonce la même chose sur certains contenus. Le pic d’audience sur les plateformes est à 22h00. Tous ces marqueurs montrent que l’on consomme la SVOD de façon très similaire à la télévision. Ceux qui regardent les plateformes de streaming n’abandonnent pas la consommation de la télé. Cette dernière s’inspire aussi de la nouvelle concurrence et met à disposition des contenus sur une longue période et donne la possibilité de le regarder en amont. Enfin, il y a des accords de coproductions qui montrent que les chaînes ont un vrai savoir-faire, notamment en matière de création française.
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Le divertissement en TV est-il vraiment porteur sur les jeunes ?
Julien ROSANVALLON
Oui, c’est un genre qui permet de les retenir. Que ce soit sur «Mask Singer» (45% de pda sur les 15-34 ans) ou sur «L’Eurovision» qui rajeunit au fil des années, on enregistre des performances sur ces cibles. Plus globalement, concernant les jeunes, ils ont toujours un peu moins regardé la télévision que leurs ainés. Il y a certainement un effet générationnel mais surtout un effet d’âge qu’il ne faut pas négliger.