À l’occasion des 10 ans de «Top Gear France» dès le 14 mai, RMC Découverte mise sur un nouveau trio venu des réseaux sociaux et un ancrage digital renforcé. Julien Lalande, Directeur des contenus et des antennes de RMC Découverte et RMC Story, revient pour Média+ sur cette évolution stratégique, mais aussi la relance du «Bigdil» et les ambitions éditoriales des chaînes.
«Top Gear France» fête sa 10e saison avec un nouveau trio issu des réseaux sociaux et une dynamique plus communautaire : en quoi cette édition anniversaire marque-t-elle une rupture stratégique par rapport aux précédentes ?
L’an dernier, nous avons posé un pied dans le digital avec Vilebrequin. Cette année, nous donnons carrément les clés à tout le YouTube game. POG, Franck et Akram prennent les commandes, entourés des plus grands créateurs du moment : GMK, Scoot2Street, Étienne Moustache, Pierre Croce, Chicandier, Studio Danielle… et le retour très attendu de Pierre (ex-Vilebrequin). C’est un raz-de-marée venu du digital qui transforme l’émission de l’intérieur. Mais «Top Gear» reste également la référence automobile. Cette saison le prouve encore, en accueillant des figures incontournables du milieu, notamment issues de la F1 : Jean Alesi, Pierre Gasly, Julien Fébreau… Des invités qui incarnent la passion et la performance. C’est enfin un véritable retour aux fondamentaux : un trio complice — après une saison en duo —, des épisodes narratifs qui font le sel de «Top Gear», et un very bad road trip en Ouzbékistan qui promet de devenir un classique. Autour de cette aventure, une galerie de visages populaires pour créer du lien avec le grand public : Tomer Sisley, Philippe Bas, Fred Testot, Arnaud Tsamère, Bruno Solo… Une saison anniversaire qui assume la rupture et renoue avec l’essence même du show.
On a l’impression que «Top Gear» devient un pont entre la télé linéaire et la culture web. C’est un positionnement assumé ?
Totalement. On constate que de plus en plus de téléspectateurs délaissent la télévision en direct pour consommer leurs émissions favorites quand bon leur semble. C’est encore plus vrai chez les moins de 50 ans. Pour la saison 9 de «Top Gear», 52 % de l’audience du programme a été réalisée en non-linéaire ! Les Français sont très ouverts aux nouveaux formats, aux nouvelles écritures, mais aussi à de nouveaux talents. Nous avons ces évolutions de consommation en tête lorsque nous réfléchissons à un lancement ou à un relancement. «Top Gear France» sur RMC Découverte et RMC BFM permet de réunir le meilleur de YouTube à la télévision. Et nous tordons le cou à ce bruit ambiant — parfaitement faux — qui assure que YouTube, c’est pour les jeunes, et le linéaire, pour les moins jeunes.
Le retour du «Bigdil», malgré un capital sympathie intact et un lancement puissant, semble marquer le pas en audience : quelles leçons tirez-vous de cette relance, et comment envisagez-vous l’avenir du programme ? Y aura-t-il des ajustements ou une nouvelle formule à venir ?
Nous avions longuement étudié la concurrence et choisi avec minutie la période de lancement ainsi que la case de programmation. Toutes les planètes étaient alignées pour un excellent démarrage en début d’année, une période où, traditionnellement, la concurrence est plus faible. Dire que nous nous attendions à un tel démarrage serait faux : avec plus de 2,3 M de téléspectateurs à J+7, nous étions leaders nationaux sur les moins de 50 ans et même sur les moins de 75 ans. RMC Story, canal 23, dépassait alors TF1, France 2, France 3 et M6. Nous avons été impressionnés par le lien que Vincent Lagaf’ a su tisser avec les Français à travers ce jeu. Puis, l’effet du retour s’est estompé et nous sommes passés d’un contexte concurrentiel très favorable (voire confortable) à une case où la compétition est aujourd’hui très vive. Actuellement, nous faisons face au flux numéro 1 de TF1 et M6 enchaîne les blockbusters américains. Cette érosion me semble normale, et nous restons à des niveaux exceptionnels pour une chaîne TNT : chaque vendredi, nous sommes la 2ème ou 3ème chaîne nationale et leader TNT sur les moins de 50 ans. C’est cela que nous regardons, c’est cela qui compte pour nous et pour la régie publicitaire. Si on nous avait annoncé un tel classement il y a six mois, nous aurions signé tout de suite. C’est bien au-delà de toutes nos espérances. Sans parler des audiences non linéaires hors normes : la semaine dernière, «Le Bigdil» était encore le prime le plus rattrapé de la TNT. Dans quelques semaines, nous débuterons les tournages de la deuxième saison du «Bigdil», dans laquelle nous mettrons davantage de moyens. Chaque émission sera événementialisée. Je peux vous dire que Vincent a hâte de reprendre les tournages pour offrir à ses téléspectateurs un show encore plus XXL.
Avec le lancement de «Ça se discute» en 2025, vous faites le pari du talk sur une chaîne historiquement positionnée sur le factual : quelle est votre ambition éditoriale ?
Nous positionnons lentement mais sûrement RMC Story comme la chaîne de la proximité, du débat ; un média où les stars de la chaîne sont nos téléspectateurs. Le 6/15h, en co-diffusion avec RMC, incarne parfaitement cette ligne éditoriale avec le traitement de l’actualité dans «Charles et Apolline Matin», «Les Grandes Gueules» et «Estelle Midi». «Le Bigdil» participe également à cette mission, dans le genre du divertissement, en accueillant des anonymes venus de toute la France, issus de tous horizons et de toutes générations. Il nous manquait la brique de la vie quotidienne, de la famille, de la société. «Ça se discute» s’est imposé comme une évidence. Ce magazine emblématique de Jean-Luc Delarue sera présenté par Estelle Denis une fois par mois à la rentrée. Comme l’ensemble de nos grilles, l’émission visera avant tout à séduire les 25-49 ans.
Quelles créations originales prévoyez-vous pour renforcer l’attractivité de RMC BFM Play en 2025 ?
Avec l’équipe de RMC BFM Play, emmenée par Julien Smadja et Abiramy Krishnapillai, nous avons lancé huit chaînes thématiques l’an dernier autour de nos thématiques phares : RMC Mecanic, RMC JDCV, RMC WOW ou encore RMC Mystère. Nous travaillons déjà sur de nouvelles chaînes. Par ailleurs, nous développons notre nouvelle plateforme de streaming RMC+, prévue pour le 1er semestre 2026. Les utilisateurs pourront y retrouver encore plus de contenus, issus du linéaire mais aussi exclusifs.
Comment souhaitez-vous faire évoluer les identités de RMC Découverte et RMC Story ?
RMC Découverte dispose d’un positionnement très clair, plébiscité par les Français. Depuis plusieurs années, elle est la chaîne TNT préférée du public. C’est la chaîne de la curiosité, de l’aventure, des savoir-faire. Parmi nos enjeux pour la saison prochaine : incarner davantage la chaîne, moderniser l’écriture et l’identité visuelle de certaines de nos marques emblématiques. Les liens avec les créateurs de contenu sont également très forts et contribuent à nous singulariser. RMC Story s’est longtemps cherchée, mais, portée par le succès retentissant du «Bigdil» et grâce à la volonté d’investissement de notre nouveau propriétaire, Rodolphe Saadé, nous accélérons son positionnement mini-généraliste. Notre valeur cardinale : la proximité avec nos téléspectateurs, incarnée dans toutes nos productions. Nos divertissements doivent être populaires, accessibles et fédérateurs. Nos magazines et documentaires doivent s’emparer des grandes préoccupations des Français, en restant ancrés dans le réel et le vécu de chacun. Avec Stéphane Sallé de Chou, le directeur général des chaînes, nous souhaitons muscler le créneau 18-23h de RMC Story, avec de nouvelles productions françaises prévues pour 2026. À plus court terme, nous proposerons dès la rentrée «Big Bang Theory», la sitcom au succès planétaire, qui viendra enrichir notre offre.