Leader européen des kiosques numériques, Readly propose un service d’abonnement numérique qui permet aux clients d’avoir un accès illimité à des milliers de magazines et journaux. La société compte des abonnés dans plus de 50 pays et son contenu est disponible dans 17 langues différentes. En collaboration avec 1 200 éditeurs dans le monde, Readly numérise l’industrie des magazines et des journaux. La France, dont le marché des magazines et des journaux est estimé à 7,5 milliards USD en 2022, deviendra le quatrième marché principal de Readly. Rencontre avec Jean-Frédéric LAMBERT, Directeur Général de Readly France.
Readly s’est lancée en novembre 2022 sur le marché français. Quel est votre positionnement ?
Avant d’arriver en France, Readly a d’abord acquis la société ePresse en novembre 2021. C’est par ce biais que nous avons fusionné les deux entreprises pour permettre à la plateforme d’accéder au marché français. Comme il s’agit d’un marché compliqué avec plus de 3 000 titres de presse, nous avons passé près d’1 an avec les éditeurs pour leur présenter le nouveau modèle économique et la construction du contrat Readly. A ce jour, la plateforme permet d’accéder aux titres français ainsi qu’à tout le reste du catalogue pour 9,99€ soit plus de 6 300 magazines et journaux. L’offre est inégalée avec une dimension à la fois européenne et mondiale.
Pourquoi vous a-t-il fallu plus d’1 an pour rendre la plateforme opérationnelle en France ?
Parce que nous avions d’abord des accords individualisés éditeur par éditeur dans le cadre du kiosque ePresse. Avec Readly, qui est une plateforme internationale, l’éditeur est distribué mondialement. On propose donc un nouveau schéma de partage de revenus. Les éditeurs avaient besoin de comprendre la mécanique et son impact. Readly permet aux éditeurs d’augmenter leurs chiffres de diffusion puisque les numéros lus sur la plateforme sont comptabilisés par l’ACPM dans la catégorie des ventes unitaires.
L’offre va-t-elle continuer à s’étoffer ?
Pour le lancement, nous ne voulions pas d’une offre qui apparaisse comme monolithique, concentrée sur l’actualité par exemple. Nous proposons donc plus de 36 catégories sur le site. Il est important d’avoir une offre de lecture dans tous les genres, aussi bien en langue française que dans les autres langues. Le catalogue d’origine d’ePresse comprenait plus de 1 200 titres et n’avons pas encore transféré l’ensemble des titres sur la plateforme Readly. En revanche, tous les éditeurs, y compris les nouveaux, sont contactés.
Pouvez-vous nous détailler votre modèle économique ?
Sans rentrer complètement dans le détail, nous avons à peu près le même modèle que Spotify ou Netflix. C’est un partage de revenus. Nous partageons au client final un abonnement à 9,99€ et nous reversons plus de 50% aux éditeurs avec des règles de calcul basées sur la consommation réelle. Nous avons un back-office très puissant et transparent. Les éditeurs peuvent voir si leur titre a été lu. Ils peuvent accéder à toutes les informations pertinentes comme le nombre de pages parcourues ou le temps de lecture.
L’éditorialisation de Readly est-elle un axe de développement ?
Ce qui est important, c’est surtout l’expérience utilisateur. Voilà pourquoi nous personnalisons intelligemment les expériences. Des suggestions d’articles et de titres apparaissent en fonction du profil du lecteur. Vous recevez des notifications et des newsletters pour ouvrir aussi le champ de lecture. Nous tenons à une personnalisation intelligente avec une équipe dédiée qui travaillent sur la sélection d’articles, et une partie plus algorithmique qui complètent cela. Comme nous l’avons fait au Royaume-Uni, nous allons ajouter en France des podcasts issus d’éditeurs que nous attacherons aux titres.
Combien avez-vous d’abonnés ?
Au niveau du groupe, nous avons un peu plus de 450 000 abonnés payants. La France représente 12% du marché. L’Allemagne est devant avec 36%, suivie de l’Angleterre et de la Suède. En termes de potentiel, au cours des 12-18 prochains mois, la France devrait rejoindre l’Allemagne.
Comprenez-vous le choix de certains éditeurs de ne pas vous rejoindre ?
En France, nous considérons qu’il y a quatre éditeurs ayant les moyens de faire cela ! Ils ont massivement investi dans leur marque et leur réseau : «Le Monde», «Le Figaro», «L’Équipe» et le groupe «Le Parisien-Les Échos». Sorti de ces quatre-là, survivre sur le web est un enfer. Il faut de la technologie, des moyens et de la visibilité. C’est ce que nous offrons à tous les autres. Ils bénéficient d’une exposition forte grâce à notre plateforme. Nous leur apportons aussi des abonnés qui ont envie de lire de tout. Comme les éditeurs ont accès à notre back-office, ils peuvent vérifier que nous leur apportons un lectorat pertinent. Pour information, un lecteur qui est attaché à un titre est tout à fait capable de trouver l’éditeur et son offre. En revanche, quelqu’un qui veut lire de tout et/ou qui ne peut pas s’offrir tous les abonnements, peut venir chez nous.
Dans quelle mesure un kiosque numérique peut-il être un concurrent pour le papier ?
Nous considérons qu’il y a une mutation du marché. Aujourd’hui, nous touchons un lectorat qui n’est pas forcément habitué au papier. Il découvre beaucoup de titres qu’il ne connaissait pas. Quand vous vous rendez dans un kiosque à journaux, vous êtes exposés à près de 150 titres. Quand vous venez chez nous, nous proposons jusqu’à 1 200 titres sur le marché français, nous proposons donc une profondeur qu’on ne peut pas rencontrer dans le monde physique.