L’Arcom, régulateur des médias, a saisi mardi un rapporteur indépendant en vue d’une possible sanction de CNews, chaîne d’information sur laquelle l’avortement a été présenté comme la «première cause de mortalité dans le monde». La chaîne, dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, a présenté lundi ses excuses, après la diffusion de cette infographie dans le talk-show religieux du dimanche «En quête d’esprit». L’IVG y était en débat alors qu’un projet de révision constitutionnelle sur le sujet est soumis mercredi au Sénat. La présentatrice vedette de CNews Laurence Ferrari a été la première à pointer une «erreur»: «Il est absolument impossible de comparer ces chiffres (sur l’avortement, ndlr) et de les mettre en miroir de ceux de la mortalité liée au cancer ou au tabac», a-t-elle notamment déclaré lundi à l’antenne, affirmant qu’il n’était pas question de «remettre en cause» le «droit» à l’IVG. Evoquant une «erreur technique», le numéro 2 de Canal+, maison-mère de CNews, Gérald-Brice Viret, a assuré que la séquence polémique «avait précisément été supprimée lors du montage final et n’aurait donc jamais dû être diffusée». Mais CNews ayant déjà été mis en demeure par l’Arcom dans le passé pour des manquements à ses obligations, le régulateur a saisi cette fois un rapporteur. Ce conseiller d’Etat va décider si les faits de dimanche justifient l’ouverture d’une procédure de sanction, et il mènera l’instruction le cas échéant. C’est ensuite le collège de l’Arcom qui prononcera ou non une sanction, en s’appuyant sur son rapport ainsi que l’audition de la chaîne. La sanction pécuniaire maximale s’élève à 3% du chiffre d’affaires annuel. Abondamment critiquée sur les réseaux sociaux, l’infographie mise en cause a fait l’objet de nombreuses saisines de l’Arcom, et a été dénoncée par une série de personnalités politiques de gauche, comme de la majorité présidentielle. Cet incident survient dans un contexte délicat pour CNews, régulièrement épinglée par l’Arcom. Sa fréquence, comme 14 autres de la TNT, sera remise en jeu pour 2025 mercredi, à la veille d’auditions de ses dirigeants et têtes d’affiche à l’Assemblée nationale. Les échanges s’annoncent vifs, deux semaines après une décision du Conseil d’Etat sommant le régulateur de muscler son contrôle de CNews.