Le géant chinois des technologies mobiles Huawei a supplanté son concurrent américain Apple l’an dernier, pour devenir le numéro deux des ventes de smartphone en 2018.Le fondateur de la firme privée RenZhengfei, un ancien ingénieur militaire, s’exprime rarement dans les médias, entretenant sa réputation d’homme discret. À l’inverse, sa fille Meng Wanzhou a été projetée à l’avant de la scène à la fin de l’année dernière, quand les autorités canadiennes ont arrêté, à la demande des États-Unis, celle qui occupait les fonctions de directrice financière d’Huawei. Voici l’historique de la société chinoise:
– Les débuts – M. Ren, muni de quelques milliers de dollars, a fondé Huawei en 1987. Les débuts de l’aventure sont marqués par des journées de 16 heures, difficilement compatibles avec une vie de famille. Dans une récente – et exceptionnelle – interview accordée à des médias triés sur le volet, M. Ren a regretté ces absences: «Comme père, j’ai le sentiment de leur devoir quelque chose, en particulier à ma plus jeune fille», a-t-il ainsi confié.
– Numéro 2 mondial – La société basée à Shenzhen est entretemps devenue un des principaux fournisseurs de réseaux mobiles, présent dans 170 pays. Elle n’est devancée que par le sud-coréen Samsung en termes de ventes de smartphones, et occupe la 72ème place dans le classement de Fortune Global 500, qui note les entreprises en fonction de leur c.a..Huawei table sur un c.a. de 108,5 milliards de dollars en 2018, d’après les chiffres fournis en décembre par le vice-président de son Conseil d’administration Guo Ping.
– Liens avec le gouvernement – Si M. Ren reste le patron d’Huawei, il fait néanmoins l’objet de nombreux soupçons, son passé militaire étant parfois perçu comme le gage de liens étroits avec l’armée et le gouvernement chinois. Après l’arrestation de Meng Wanzhou, Pékin a dénoncé cette mesure, la présentant comme un moyen de tenir la firme chinoise à distance des marchés mondiaux.
– Géant de la 5G – La 5ème génération de standards pour réseau mobile, 5G, constitue la prochaine étape majeure de la révolution numérique, censée rendre les connexions quasiment instantanées et accroître la capacité de transmission des données. Elle rendra aussi possible l’adoption de technologies futuristes, comme l’intelligence artificielle, les voitures autonomes ou les usines automatisées – des domaines dans lesquels la Chine veut faire figure de pionnière. La position prééminente d’Huawei dans la fourniture des équipements indispensables au fonctionnement des réseaux mobiles pourrait être un moyen d’assouvir l’ambition chinoise de leadership.
– L’héritière ? – Parfois décrite comme la «princesse» de Huawei, Mme Meng faisait figure de favorite pour succéder à son père, après avoir grimpé les échelons de la société jusqu’à devenir une des principales dirigeantes d’entreprise mondiales. La fille de M. Ren insiste pourtant sur ses débuts «modestes», les médias chinois rapportant notamment qu’elle avait occupé des fonctions de secrétaire au début de sa carrière.
– Indésirable – Au cours de l’année dernière, plusieurs pays dont l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis ont interdit à la firme chinoise de participer au déploiement de la 5G. Les États concernés ont notamment fait part de leurs inquiétudes quant à la sécurité des produits commercialisés par Huawei. Au Royaume-Uni, le 1er opérateur mobile BT a annoncé qu’il retirerait l’équipement estampillé Huawei des réseaux 3G et 4G, déjà en service.Plusieurs pays européens, ainsi que le Japon et le Canada, continuent par ailleurs à évaluer les risques liés à l’utilisation des produits de la marque chinoise.