Guillaume LEBLANC, Directeur général du Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP)
Mardi matin, le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) a révélé que plus de 18 milliards de morceaux avaient été «streamés» en 2015. Détails et décryptage avec Guillaume LEBLANC, Directeur général du SNEP
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Le futur de la musique passera-t-il inévitablement par le streaming ?
Guillaume LEBLANC
Le streaming musical s’inscrit à la fois comme le moteur de croissance et le relai du marché. C’est le moyen de consommation par lequel la musique va construire son avenir. On le voit apparaître depuis quelques années déjà. Mais le streaming a franchi véritablement un cap en 2015. Ses usages deviennent «mainstream». L’année dernière, 18 milliards de titres ont été streamés sur les plateformes de musiques audio. Ça se concrétise aussi au niveau des revenus puisque le cap des 100 M€ de chiffre d’affaires a été franchi. De nouveaux forfaits, de nouvelles offres mais aussi de nouveaux acteurs du streaming comme Apple Music sont arrivés. Des groupes emblématiques comme les Beatles sont apparus dans les catalogues des plateformes de streaming. Avec désormais 3M d’abonnés, soit 5% de la population française, le streaming s’affirme de plus en plus dans le secteur. Atteindre entre 5 et 10M de Français abonnés, ce n’est pas inenvisageable. C’est même souhaitable.
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Le marché de la musique enregistrée a fléchi de 4,7% en 2015. A terme, le streaming peut-il contrebalancer cette baisse ?
Guillaume LEBLANC
Le streaming compense d’ores et déjà la baisse des ventes de téléchargements à l’acte (-25% en 2015) et permet de créer deux fois plus de valeur. Le numérique représente désormais 36% du marché français. En revanche, le streaming ne panse pas encore le fléchissement des ventes physiques (-15,9%). Ces dernières représentent encore 64% du marché. Le streaming mettra quelques années pour prendre le dessus.
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YouTube pèse presque, à lui seul, 65% des 50 milliards de morceaux streamés en 2015. Mais il ne génère que 10% des revenus du segment. Quel est votre souhait ?
Guillaume LEBLANC
YouTube doit être reconnu comme une plateforme de musique en ligne et non pas comme un simple hébergeur. A ce titre, il doit pleinement participer au financement de la création. Les discussions entre le SNEP et YouTube sont fréquentes. Pour en tirer des conditions plus vertueuses destinées à la création, nous allons devoir passer par la contrainte au niveau européen.
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L’industrie musicale est-elle encore en crise ?
Guillaume LEBLANC
On a vécu une décennie compliquée. L’industrie a été «uberisée» avant tout le monde. La révolution numérique, nous l’avons subie de plein fouet. Mais nous nous sommes adaptés aux nouveaux usages. Une offre légale a été développée comme aucun autre secteur culturel. Certes, le marché décroît encore, mais il faut bien comprendre que nous sommes dans une profonde restructuration. Grâce au streaming, nous réussissons à créer de plus en plus de valeur. Je ne dis pas que la crise est derrière nous, mais nous sommes optimistes.
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Quel rapport entretient l’industrie musicale avec les médias traditionnels ?
Guillaume LEBLANC
Radios et chaînes de télévision sont essentielles pour tous les acteurs de la filière musicale. Ce sont des partenaires et non pas des adversaires. Dans les enquêtes d’opinions, on se rend compte que le public découvre les artistes en radio, puis à la télévision et enfin sur internet.