Groupe CANAL+ : mise en place d’un comité d’éthique auprès de la chaîne CANAL+

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Canal+ a dévoilé mardi la liste des six membres de son comité d’éthique, promis par le propriétaire du groupe Vincent Bolloré après plusieurs polémiques sur l’indépendance de la chaîne, mais la rédaction a regretté de ne pas y avoir été associée.

Le comité est composé d’un journaliste, une réalisatrice, deux magistrats, une économiste et un commissaire aux comptes, a annoncé le groupe dans un communiqué. Ce comité aura pour mission de «garantir, sous le contrôle du CSA, l’indépendance éditoriale comme celle de l’information» fournie par la chaîne Canal+, avait précisé le Conseil supérieur de l’audiovisuel en septembre après l’audition de Vincent Bolloré.

A la suite d’accusations de censure de deux reportages et sous la pression du régulateur, Vincent Bolloré avait accepté de créer un comité d’éthique pour garantir l’indépendance éditoriale de sa chaîne, ses détracteurs réclamant des règles plus contraignantes. «Il aura comme première mission de rédiger le texte de la charte qui s’appliquera à Canal+», et ainsi de décider des contours de sa mission, a précisé le groupe.

René Ricol, ancien Commissaire général à l’investissement sous la présidence de Nicolas Sarkozy, siégera dans ce comité avec Jean-Marie Colombani, ancien du Monde et directeur de publication du site Slate.fr, Michèle Reiser, réalisatrice et productrice, et Jacqueline de Guillenchmidt, une magistrate qui a siégé au Conseil constitutionnel. Jacqueline de Guillenchmidt est un ancien membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel, comme Michèle Reiser, qui a présidé la Commission sur l’image des femmes dans les médias devenue en 2013 le Haut conseil à l’égalité hommes-femmes. Jean-Marie Coulon, un deuxième magistrat, président honoraire de la Cour d’appel de Paris, siégera aussi dans ce comité avec l’économiste Colette Neuville, présidente de l’Association de défense des actionnaires minoritaires.

La société des journalistes (SDJ) d’iTélé/Canal+ a déploré dans un communiqué l’absence de tout journaliste du groupe dans le comité. «Sans remettre en cause la qualité des membres de ce comité d’éthique, il n’est pas acceptable qu’une charte garantissant l’indépendance de notre profession nous soit attribuée. Notre indépendance ne nous est pas consentie. Elle procède de nous», a commenté la SDJ.

En conséquence, la  SDJ a annoncé que les journalistes rédigeraient eux-mêmes «la charte des droits et devoirs des journalistes de Canal Plus», qu’elle serait soumise au vote des rédactions dès mercredi et «transmise à la direction ainsi qu’au comité d’éthique dès qu’il se réunira». Deux des trois membres du comité d’éthique de la chaîne d’information iTélé avaient démissionné le 6 septembre pour protester contre le licenciement brutal des deux dirigeantes de la chaîne. LCI, la chaîne d’information qui devrait passer sur la TNT gratuite en février, bénéficiera elle aussi d’un «comité d’éthique de l’information» pour assurer le respect du pluralisme, a promis son propriétaire TF1.