G. LEBLANC (SNEP) : « 28 milliards de titres de musique ont été écoutés sur les plateformes de streaming en 2016 »

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Guillaume LEBLANC, Directeur général du SNEP

Depuis plus de 15 ans, le déploiement d’Internet a fragmenté les usages et les modèles économiques de la musique. Pour nous dresser un compte rendu de la situation, média+ s’est  entretenu avec Guillaume LEBLANC, Directeur général du SNEP, le Syndicat National de l’édition Phonographique.

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Pourquoi le marché de la musique enregistrée est-il reparti à la hausse en 2016 ?

Guillaume LEBLANC

Après une décennie d’efforts, d’adaptations et de remises en cause, le marché de la musique retrouve une croissance pour la première fois depuis 2002. Il s’agit d’une véritable rupture. C’est le début d’une ère plus vertueuse. Cette hausse est portée par la démocratisation du streaming (+37% en 2016) et des abonnements (+42% sur 1 an). Tant au niveau des revenus, des comportements que des usages, tous les indicateurs sont au vert. On comptabilise près de 4 millions d’abonnés en France fin 2016 et 28 milliards de titres écoutés sur les plateformes audio. C’est un triplement des écoutes en 3 ans.

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Les acteurs du streaming ont-ils amélioré la rémunération des ayant-droits ?

Guillaume LEBLANC

Nous sortons d’une décennie dans laquelle nombreux sont les professionnels de la musique à avoir perdu des plumes. C’est pour cela que des contrats d’artistes ont été rendus, que des maisons de disques ont fermé tandis que d’autres ont fusionné. C’est la conséquence de cette évolution. Fort heureusement, la montée en puissance du streaming est suffisamment forte en termes de revenus générés pour compenser la baisse du téléchargement et des ventes physiques. Les revenus du streaming représentent aujourd’hui 144 M€ soit 78% des revenus numériques et 32% de l’ensemble du marché. En revanche, nous partageons une crainte avec la communauté artistique. La majorité du trafic du streaming est drainée aujourd’hui par YouTube qui est de loin la 1ère plateforme de ce type en France et dans le monde. Pourtant, elle n’a généré que 9% des revenus du marché du streaming en 2016. A titre de comparaison, un ayant-droit est 54 fois plus rémunéré sur des plateformes comme Spotify ou Deezer.

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Le streaming peut-il devenir l’usage de référence sur la musique ? 

Guillaume LEBLANC

Il l’est déjà ! Le streaming n’est plus réservé qu’à quelques initiés ou jeunes. 1/3 des Français déclarent avoir streamé de la musique sur les plateformes audio ou vidéo au moins une fois par mois. On parle d’ailleurs d’un marché de la musique qui se numérise de plus en plus sans pour autant être uniforme. Preuve en est, les ventes physiques au global représentent encore 60% du marché. Pour la 5ème année consécutive, les volumes de ventes de vinyles ont augmenté.

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Quel est l’état de la production musicale en France ?

Guillaume LEBLANC

Elle se maintient à un niveau exceptionnellement haut. 18 des 20 meilleures ventes de l’année 2016 concernent des artistes produits et signés en France. C’est un mélange de talents établis comme Renaud ou Christophe Maé, et de nouveaux artistes comme Jain. Quand on voit que la part de marché des films français dans les salles françaises est de 35%, nous faisons deux fois mieux.

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Quelles sont les priorités du SNEP ?

Guillaume LEBLANC

Nous demandons à la prochaine majorité gouvernementale qu’elle soit bienveillante vis-à-vis de cette nouvelle croissance. Cela passe par quatre priorités : 1) Accompagner le dynamisme de la production locale et pérenniser le crédit d’impôt phonographique. 2) Faire rayonner nos artistes à l’étranger en donnant des moyens supplémentaires au bureau export. 3) Corriger le transfert de valeurs avec ceux qui ne rémunèrent pas suffisamment la création. 4) Protéger les créateurs et l’offre légale de la concurrence déloyale du piratage en rénovant le cadre juridique, notamment en ce qui concerne l’Hadopi.