France TV : «Anarchy» mise sur l’écriture participative

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La faillite de la plus grande banque française conduit le pays à quitter l’euro: ainsi débute «Anarchy», fiction multimédia lancée jeudi dernier par France Télévisions, qui mise sur l’écriture participative pour alimenter ce scénario catastrophe en temps réel, à la manière d’un jeu de rôles. 

Toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existé n’a rien de fortuit. Dans l’actualité fictive d’«Anarchy», la plus grande banque française a suspendu ses activités. Déjà affaiblie par de lourdes pertes, la Banque Mutuelle Générale s’est retrouvée incapable de payer une amende de 15 milliards de dollars infligée par la justice américaine pour des transactions avec Cuba. En une semaine, le cours de son action a plongé de 95%. Désemparé, François Hollande demande en urgence à recourir au mécanisme européen de stabilité, mais les Européens exigent en contrepartie des réformes drastiques: retraite à 70 ans, suppression du CDD, licenciement de la moitié des fonctionnaires. Le Président de la République annonce alors que la France sort de l’euro et revient au franc. «Ce n’est pas totalement impossible, mais c’est un scénario qui a une chance sur un million de se produire», juge Olivier Szulzynger, scénariste en chef d’«Anarchy». «On aurait pu imaginer des scénarios beaucoup plus vraisemblables, par exemple (…) une crise monétaire au Portugal qui dégénère». L’auteur de la série télévisée «Plus belle la vie» s’est pourtant inspiré de faits historiques pour inscrire son oeuvre dans le réel, et pas seulement de l’amende historique de BNP Paribas, condamnée en juillet à payer 8,9 milliards de dollars pour violations d’embargos américains. Comme à Chypre en 2013, en Argentine en 2001, ou même aux Etats-Unis en 1933, le gouvernement impose la fermeture des banques, interdit les virements vers l’étranger et limite les retraits d’espèces, à 40 euros par semaine et par carte bancaire, le temps de battre la nouvelle monnaie. «Ces enchaînements sont théoriquement possibles», atteste Christian Chavagneux, éditorialiste au magazine économique «Alternatives Economiques», consulté par les auteurs d’«Anarchy». Au sein de l’équipe de rédacteurs, Alexis Frémeaux, diplômé d’HEC veille également à ce que «le récit économique reste crédible». La tâche ne sera pas aisée, France TV ayant fait le pari d’une écriture progressive, basée sur les contributions du public: sur le site anarchy.fr, chacun peut réagir à l’actualité ou créer son avatar et espérer voir ses idées ou personnages repris dans la narration, voire dans la fiction de 26’ programmée sur France 4, chaque jeudi soir jusqu’au 18 décembre. 

Le 1er épisode, diffusé jeudi, est très éloigné de l’intrigue économique et politique développée sur internet. On y découvre 5 personnages, membres d’une fondation humanitaire belge, s’apprêtant à venir en aide aux Français affectés par les conséquences de la sortie de l’euro. Le ton humoristique tranche avec la gravité du contexte et peu d’éléments permettent de relier la série au site. Selon Médiamétrie, le 1er épisode a réuni quelque 54.000 téléspectateurs, soit 0,3% de pda. Les producteurs espèrent en agréger davantage grâce aux rediffusions à la demande et aux plateformes de visionnage: Dailymotion, Youtube,  «Le Monde» et l’INA, partenaires du projet.