France 5 célèbre les héros du quotidien avec une émission spéciale dédiée aux aidants 

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Aider les aidants: les comédiens Bruno Solo et Clémentine Célarié prennent la place d’une personne qui s’occupe d’un proche gravement malade ou handicapé, mardi sur France 5, dans le cadre d’une soirée sur ces «héros du quotidien». L’ancien nageur parasportif Théo Curin anime cette émission diffusée deux jours après la journée nationale des aidants dimanche. «C’est un hommage très personnel que je rends à mes parents, qui ont été là pour moi», a-t-il expliqué à la presse. Lui-même a été amputé des quatre membres à l’âge de six ans, après une méningite. «Ma maman a arrêté de travailler pour s’occuper de moi, je ne me suis pas rendu compte de tous les efforts que ça demandait à mes parents», s’est souvenu le présentateur de 24 ans. «Le but de l’émission est de se rendre compte» des efforts fournis par les aidants qui «mettent leur vie entre parenthèses et finissent par s’oublier», a-t-il assuré. Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques des ministères sociaux (Drees), la France comptait en 2021 quelque 9,3 millions d’aidants. 

«À la hauteur» : Programmée à 21h05, l’émission «Aidants, il est temps de les aider» comprend deux volets. Dans le premier, Bruno Solo prend temporairement la place de Lauriane, 42 ans, qui s’occupe de son mari Thierry, 45 ans, atteint de la maladie de Charcot. Dans le second, Clémentine Célarié se substitue à Katherine, 42 ans, dont le fils de 21 ans, Ryan, est lourdement handicapé. Durant 48 heures (nuit incluse), les deux comédiens doivent gérer le quotidien de la personne dont ils s’occupent, l’aider à manger ou à s’habiller. «Ce sujet me touche particulièrement car mon père a été aidant de sa compagne, atteinte de la maladie d’Alzheimer», a raconté Bruno Solo. «Quand elle a disparu, il est parti deux ans après. Je regardais ça avec une sorte de crainte de ne pas être à la hauteur, si je me retrouvais dans la situation de mon père», a-t-il poursuivi, visiblement ému. Un père auquel il a «beaucoup pensé» lors de ces deux jours avec Thierry, que la maladie de Charcot paralyse peu à peu avant une issue inévitablement fatale: «J’étais l’aidant mais, sans l’aidé, je ne pouvais rien faire, il m’expliquait tout. Rien que le fait d’aller à la porte pouvait prendre 15 minutes». Le comédien, toujours en contact avec Thierry et sa famille, dit avoir vécu une «fusion extraordinaire» avec celui qui avait besoin de lui pour chaque geste, y compris très intime. «Je venais d’arriver et cet homme que je connaissais depuis un quart d’heure me dit: «Il faut que j’aille pisser»», se souvient-il. «Cette confiance qu’il me donne, sans fausse pudeur, brise les barrières de gêne». 

«Trouver des solutions» : Pendant ces 48 heures, les vraies aidantes, qui ont été volontaires pour l’émission, sont prises en charge par Théo Curin pour vivre des moments rien qu’à elles, avec par exemple des soins du corps et du shopping. On leur donne aussi des pistes pour alléger leur tâche, en les mettant par exemple en contact avec des associations. «L’idée n’était pas simplement de montrer leur quotidien et de faire une téléréalité mais de trouver des solutions», selon Théo Curin. «Aidants, il est temps de les aider» sera suivie par une édition spéciale de l’émission de débats «C ce soir», consacrée à ce thème. Pour Nicolas Daniel, directeur des magazines de France Télévisions, cette soirée «porte haut les couleurs du service public». «Il y a souvent l’idée que ce type de sujets sert une bonne cause mais que personne ne les regardera, or, c’est faux», juge-t-il, en citant le succès d’audiences des Jeux paralympiques de Paris.