France 2 : «Cash Investigation» enquête sur l’industrie laitière

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Mais où est passé l’argent du beurre? «Cash Investigation» dévoile mardi sur France 2 une enquête sur le partage des bénéfices dans l’industrie laitière, entre les éleveurs et deux groupes français, Sodiaal et Lactalis, ce dernier en plein scandale de la salmonelle.
Alors que les États généraux de l’alimentation – dont l’un des objectifs était de mieux rémunérer les producteurs – se sont conclus fin décembre, le magazine présenté par Elise Lucet contribue à la réflexion en montrant les pratiques financières plus ou moins opaques des industriels, ainsi que la course «au gigantisme».
A l’origine de ce numéro intitulé «Produits laitiers, où va l’argent du beurre ?», diffusé à 20h55, se trouvent les manifestations contre Lactalis à l’été 2016, lors desquelles les éleveurs réclamaient une revalorisation du prix du lait. Interviewé sur le plateau en fin d’émission, Michel Nalet, porte-parole de Lactalis, s’engage à ce qu’à l’avenir «le coût de production (soit) intégré dans le calcul du prix du lait». Rattrapé par l’actualité, M. Nalet est par ailleurs longuement interrogé sur l’affaire des laits infantiles contaminés dans laquelle est actuellement prise l’entreprise.
L’enquête, produite par Premières Lignes et menée pendant plus d’un an par le journaliste Jean-Baptiste Renaud, s’interroge sur un paradoxe: le marché du lait se porte bien – il est évalué, selon le magazine, à 27 milliards d’euros par an en France – mais les petits producteurs peinent à sortir la tête de l’eau. Si l’émission démarre avec le numéro un mondial des produits laitiers, Lactalis, pour dénoncer notamment la façon dont il traite les éleveurs avec lesquels il travaille ainsi que la non-publication par l’entreprise de ses comptes annuels – une obligation légale – l’attention se porte assez vite vers un acteur moins attendu: une coopérative.
L’exploration des comptes de Sodiaal (Candia, Yoplait, Entremont…), numéro deux du secteur en France, révèle selon «Cash Investigation» un enchevêtrement de filiales, similaire à ce qui se pratique dans de grandes sociétés privées, et permettant au groupe de garder en réserve des centaines de millions d’euros, alors que dans le même temps la coopérative affirme reverser tous ses bénéfices à ses 20.000 éleveurs sociétaires.
L’émission se penche également sur les choix stratégiques encouragés par Sodiaal, poussant les éleveurs vers une production toujours plus grande de lait. A la clé: de coûteux investissements qui se révèlent en définitive peu rentables. Le magazine se rend enfin en Nouvelle-Zélande, où le groupe Fonterra fixe à lui seul le cours du lait et où le modèle productiviste a été poussé à son paroxysme, au prix de rivières asséchées et d’éleveurs endettés.